Wednesday, August 2, 2023

Après la chute de Soueida

 


 Le drapeau français flotte sur Soueida, mais il n'est pas resté un seul habitant dans la ville; l'aviation signale que les villages aux alentours semblent déserts, que des blessés druzes se traînant dans les sentiers de la montagne à la recherche d'un gîte et que des groupes importants d'insurgés s'éloignent en direction de Ṣalẖad. 


Revenant du sud, un émissaire à notre solde, rapporte qu'au cours d'une réunion des cheikhs, à al-ʿAfīna العفينةSulṭān al-ʾAṭraš ayant propose d'attaquer le camp français de Soueida, a été désavoué par son cousin Mutʿib متعب bey et son oncle ʿAbdul Ġaffār pāša, lesquels ont déclaré qu'il fallait, ou se soumettre, ou quitter le Jabal, plutôt que de saigner encore un pays venant de perdre plus d'un millier de combattants. les discussions sur l'opportunité de continuer la lutte se sont prolongées pendant plusieurs heures, mais sans qu'une décision ait été prise. 

Une bataille de l'envergure de celle du 25 avril ne se représentera probablement pas; les druzes ont donné là leur gros effort, car, avec l'orgueil qui les caractérise, ils avaient proclamé que Soueida était leur "Verdun". Battus, ils n'ont pas complètement désarmé et tout fait prévoir la continuation de la lutte; mais les chefs de la révolte ne pourront plus aligner les six à sept mille fusils qu'ils ont réunis sous Soueida. A cette époque, tous les Druzes ont répondu à l'appel de Sulṭān, victorieux dans des combats précédents; mais aujourd'hui qu'il est vaincu, et que les troupes françaises sont revenues sur le sol druze, nul doute qu'un grand nombre de villageois, ceux du nord notamment, lesquels n'ont marché que contraints et forcés, ne reprennent leurs liberté.








Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937. 

Photo: al-ʿAfīna SANA 

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