2 juin 1926. - A 4 heures du matin, les partisans quittent le bivouac de Ḏībīn ذيبين, suivis par les auto-mitrailleuses. Ils sont arrêtés à quinze cents mètres d'ʾUmm ar-Rummān أمّ الرمّان par une vive fusillade partant des abords du village. Il est impossible de pousser plus loin dans cette direction, et le cheikh ʾIbrāhīm al-ʾAṭraš, adjoint à l'officier français commandant l'escadron druze, conseille de tourner le village par le sud, en passant par des terrains qu'il connaît bien.
Solution aussitôt adoptée et l'escadron se porte rapidement sur la droite, met pied à terre, s'infiltre dans les jardins, à l'abri des murs de clôture, et cherche à prendre les insurgés à revers. La manœuvre réussit à merveille et les rebelles, installés dans le village, craignant d'être tournés et capturés, refluent vers le nord.
La traversée du village est infiniment laborieuse; les rues sont étroites et le génie doit faire sauter des pans de mur et même des angles de maisons pour permettre à l'artillerie et aux camions de passer; le défilé du convoi dans la localité ne demande pas moins d'une heure.
La colonne reconstituée reprend sa marche et arrive à al-Ġāryīa الغاريّة, où elle dresse son bivouac; le village comprend en temps normal des Chrétiens et des Druzes, mais ces derniers l'ont abandonné depuis quelques jours et nous apprenons que tous les hommes valides sont incorporés dans les bandes.
Le combat d'ʾUmm ar-Rummān est la plus dur de ceux que nous ayons livrés depuis la bataille de Soueida; nos pertes sont de septs tués et quarante blessés; la plus grosse part subit par le détachement de la tour-forteresse. Dans quelques jours, à Ṣalẖad صلخد, nous saurons que Sulṭān commandait en personne, ce qui explique l'opiniâtre résistance des insurgés; nous apprendrons aussi que le chiffre des morts dans le camps adverse s'élève à cent vingt-deux.
Bataille qui coûte cher; mais nous avons forcé la solide position d'ʾUmm ar-Rummān, où l'ennemi pensait bien nous mettre en difficultés, et nous voilà sur la route de Ṣalẖad.
Photo: SANA
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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