Les pertes des deux colonnes sont malheureusement élevées; elles se chiffrent à quatre-vingt-quatre tués, dont neuf officiers, et trois cent dix blessés, dont quatorze officiers. Beaucoup de blessés, la moitié au moins, sont peu gravement atteints et pourront reprendre leur place dans le rang après quelques jours de soin et de repos.
Bilan douloureux, prouvant la violence des combats et l'acharnement avec lequel les deux adversaires se sont abordés. Pénible rançon de la victoire, qu'il faut toutefois considérer en regard de l'ampleur de cette bataille de huit kilomètres de front et des qualités combatives de notre adversaire; les reconnaître, c'est mettre en relief celles de ceux qui ont vaincu, et c'est rendre un juste hommage à nos valeureux soldats.
Les pertes druzes - que nous connaîtrons dans quelques jours - sont autrement importantes; les cheikhs rebelles accuseront qu'ils ont mis en ligne six mille combattants, tant à Soueida qu'à ʿAra عرى, et que quinze cents ont été tués où blessés - chiffres plusieurs fois recoupés par le service de renseignement.
Notre sacrifice, s'il est grand, est à la mesure des résultats obtenus. Ceux qui ont versé leur sang à la bataille de Soueida ont écrit une belle page au Livre d'Or de l'armée du Levant; ils ont rétabli le prestige de la France dans ce Jabal où son drapeau a été insulté; ils ont donné une salutaire leçon à l'orgueil druze, monté au paroxysme après certains succès faciles. Ils ont enfin remporté une grande victoire, dont la répercussion sera immense dans le monde de l'Islam et fera réfléchir les ennemies du mandat francçais, en Syrie comme à l'étranger.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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