3 juin 1926. - Nuit tranquille; les hommes ont pu se reposer de la dure journée d'hier. A l'aube, la colonne reprend sa marche vers l'est; dès la sortie du bivouac, la piste gravit une haute colline, jusqu'au col de Ǧārīya الغاريّة, pour déboucher au delà vers le versant de Ṣalẖad صلخد.
Au col de Ǧārīya, un panorama étendu s'offre à nos yeux; en face, une grande plaine un peu ondulée avec, tout au bout, le village de al-Mašqūq المشقوق, notre gîte d'étape pour ce soir, et point de départ du lendemain pour l'attaque sur Ṣalẖad.
Reprenant la marche, nous arrivons à ʿAnz عنز, village presque entièrement chrétien, sur les maisons duquel flottent des drapeaux blancs. Le cheikh Ḥusayn Pāša, oncle de Sulṭān, présente sa soumission au général et demande l'autorisation de se joindre à la colonne jusqu'à Ṣalẖad, parce qu'il craint les représailles de son neveu. Ḥusayn Pāša est connu pour ses sentiments pacifiques; il n'a pas approuvé la conduite de Sulṭān, mais son caractère timoré et son manque d'énergie en font un chef de second ordre, dont l'influence au Jabal est presque nul, bien que par la naissance, il soit l'un des plus grands cheikhs ʾAṭraš, l'égal de notre ami Fāris bey, l'égal aussi du bouillant ʿAbdul Ġaffār Pāša.
Le cheikh d'al-Mašqūq, village ou nous bivouaquerons ce soir, est venu au-devant de la colonne jusqu'à ʿAnz; sincèrement francophile, il n'a jamais partagé les idées de Sulṭān, mais il confesse n'avoir pu retenir les jeunes hommes de son village envoûtés par les chefs de la révolution.
Photo: SANA
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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