Sunday, August 20, 2023

La situation générale au 26 mai 1926

 


 Autour de Soueida, la tranquillité paraît régner; les automobiles militaires, comme celles des commerçants, circulent sans être inquiétées. Dans la capitale, l'eau coule aux fontaines et les citernes de la citadelle se remplissent; les habitants de Soueida, ayant enfin réparé la canalisation, sont autorisés à entrer dans leurs foyers; une quarantaine d'hommes, rebelles hier encore, reprennent possession de leurs maisons, après avoir versé un fusil chacun. Ils iront, disent-ils, chercher leurs femmes et leurs enfants dans quelque jours et se conduiront désormais en sujets soumis à la puissance mandataire. 


Par contre, les renseignements reçus des Maqrans sud et est sont moins bons:

A Ṭarba, sur les haut plateaux, un avion ayant atterri, pour une cause inconnue, ses occupants, pilote et observateur, sont froidement mis à mort par les villageois. Avertissement est aussitôt envoyé au cheikh d'avoir à livrer les assassins sous peine de sanction sévère lorsque la colonne passera dans son village. 

Au sud de Soueida, l'escadron de partisans, exécutant une reconnaissance, rencontre une bande de trois cents insurgés et engage le combat; mais, inférieur en nombre, il doit se retirer en emportant plusieurs blessés.   

Enfin, dans le sud comme dans l'est, une campagne de fausses nouvelles est activement menée en vue de maintenir les populations en état d'insurrection; c;'est l'œuvre d'un étranger nommé Rašīd Ṭalīʿ رشيد طليع, homme de confiance, dit-on, du roi de Transjordanie, venu au Jabal avec des sommes importantes.         

Une recrudescence d'agitation se manifeste non seulement au Jabal ad-Durūz, mais encore en d'autres points de la Syrie, où les comités islamiques ont envoyé des représentants. 

A Nabk, nos escadrons mobiles ont dû se retirer devant les menaces de gros contingents insurgés.     

Dans la Biqāʿ البقاع, on craint un soulèvement général. 

Baʿalbak, des bandits ont incendié le sérail.   

Autour de Damas, dans la Ġūṭa, les bandes font à nouveau parler d'elles. 

Dans le Hauran, l'aviation a dû bombarder plusieurs villages.

Au delà des frontières, les nouvelles ne sont pas meilleures:

A Jaffa, dans une conférence organisée par le comité syro-palestinien, on a decidé de soutenir les insurgés du Jabal par d'importants envois de fonds.  

A Haifa, un autre comité d'aide et de secours organise les envois d'armes et de munitions à destination du pays druze.  

Tous ces renseignements sont confirmés par un cheikhs, récemment soumis, Tawfīq bey al-ʾAṭraš, ex-directeur de l'intérieur de l'État druze et propre cousin de Sulṭān. Ce cheikh affirme que les rebelles reçoivent, presque journellement de l'extérieur, de l'argent, des armes et des munitions. et que les chefs de guerre druzes, un moment désorientés, au lendemain de l'entrée des Français à Soueida, se sont ressaisis, depuis que les personnalités en faveur à la Cour de Transjordanie leur ont promis des secours et les ont engagés à continuer la lutte. 





Photo: De gauche à droite : ʾAḥmad Jarbūʿ, Tawfīq al-ʾAṭraš, Sulṭān al-ʾAṭraš (les années soixante).








Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937. 

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