4 juin 1926. - Du bivouac d'al-Mašqūq المشقوق, on aperçoit, à dix kilomètres vers le nord, la ville de Ṣalẖad صلخد, objectif de notre expédition. Bâtie en amphithéâtre contre le flanc sud d'un montagne, au fond d'un long couloir bordé de collines élevées, la cité est dominée par une énorme citadelle, dont la construction, disent les livres, fut commencée sous Hérode et terminée sous César. L'ensemble constitue une formidable position, difficile à aborder, si la défense en est tant soit peu organisée.
La montagne de Ṣalẖad s'élève à 1.400 mètres d'altitude et ses contreforts du sud en ont encore de 1.200 à 1.300, en face d'al-Mašqūq où nous stationnons. Ce sont le Tell Ḥabs تلّ حبس, à droite, et le Tell ʿAbd Mār تلّ عبد مار, à gauche. Distants l'un de l'autre d'environ trois kilomètres à vol d'oiseau, ces hauteurs et leurs prolongements forment un long défilé au fond duquel serpente la piste conduisant à Ṣalẖad, laquelle se trouve sur tout son parcours à bonne portée de fusil des crêtes; il saute aux yeux que la colonne ne peut s'y engager que lorsque les hauteurs qui l'encadrent seront en sa possession.
Que sait-on de l'adversaire?
Sulṭān al-ʾAṭraš en personne la commande; les rebelles, au nombre de deux à trois mille, tiendront les hauteurs du défilé, disent les renseignements recueillis. On laissera la colonne française s'avancer dans le couloir, on cherchera à l'y enfermer en se rabattant derrière elle, et on l'attaquera de tous les côtés à la fois. Le plan n'est pas mal conçu et il pourrait réussir si nous commettions l'imprudence d'entrer dans la souricière que l'on veut nous tendre, sans avoir, au préalable, assuré nos flancs et nous être emparés des Tells Ḥabs et ʿAmmār.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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