4 juin 1926.
Vers 6 heures, tout est prêt; et la marche sur Ṣalẖad commence; la piste est bonne et assez large pour que l'on puisse faire marcher deux voitures de front, ce qui diminue sensiblement la profondeur de la colonne et permet aux flancs-gardes une meilleure protection. Le temps est superbe, la matinée fraîche, et, aux bords du chemin, de vastes champs d'orge et de blé, avec leurs épis mélangés de fleurs, jettent une note riante dans cette région si nue et si caillouteuse.
A 9 h. 25, l'attaque est déclenchée sur tout le front.
Presque tout de suite, le groupement chargé du débordement à l'ouest se heurte à des tranchées fortement tenues et s'arrête, bien que la totalité de l'artillerie 75 appuie sa progression. Sa compagnie de gauche est débordée par un groupe d'insurgés qui, à la faveur du terrain profondément raviné, s'est glissé entre la troupe d'assaut et la flanc-garde des crêtes; mais l'escadron de spahis du groupement de manœuvre, disposé en échelon en arrière et à gauche, arrête les rebelles avec ses mitrailleuses et les cloue au sol.
Devant cette situation, le commandant du bataillon, officier énergique entre tous, n'hésite pas; il sait que les Druzes ne résistent guère devant la baïonnette, aussi fait-il sonner la charge et son unité s'élance bravement à l'assaut des tranchées ennemies que l'adversaire abandonne pour se replier en toute hâte sur la citadelle.
Au centre, les défenseurs des jardins et ceux de la ville, voyant nos unités s'élever sur leur droite et sur leur gauche, quittent leurs retranchements et refluent vers la montagne. Alors, sur toute la ligne de combat, les clairons sonnent la charge et, dans un magnifique élan, les trois bataillons d'assaut, baïonnette au canon, convergent vers la citadelle au pas de course.
Arrivés les premiers au pied de la forteresse, les partisans refoulent les derniers défenseurs et hissent le drapeau tricolore au sommet de l'édifice, tandis que trompette et clairons annoncent la chute de Ṣalẖad.
Il est exactement midi.
Ṣalẖad, fief des ʾAṭraš, où la rébellion a pris naissance, où l'on a prêché la guerre contre la France et organisé le massacre de Kafr, est aujourd'hui conquise, comme l'a été Soueida il y a quarante jours.
Quatre journée de marche et trois combats ont eu raison de la capitale du sud.
Grande victoire, dont le retentissement sera profond en Syrie et à l'étranger.
Les troupes du Jabal-ad-Durūz viennent d'écrire dans les annales coloniales de la France une de ses belles pages de gloire.
Photo: Ṣalẖad depuis le château, fin des années 1930.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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