Sulṭān al-ʾAṭraš et ses partisans arrivent à Ṣalẖad, capitale du Sud; ils brûlent les archives administratives, menacent nos amis, lesquels dépêchent en hâte un émissaire à Soueida pour exposer la situation et demander protection.
Un détachement d'une centaine de légionnaires syriens et quelques spahis tunisiens, sous le commandement du capitaine Gabriel Normand, est envoyé à Ṣalẖad avec mission d'y ramener le calme et la confiance, La petite troupe part de Soueida le 25 juillet 1925 à la pointe du jour; à midi, elle est au village de Kafr الكفر où, à quelques centaines de mètres des maisons, elle établit son bivouac.
Apprenant le mouvement du détachement français, Sulṭān al-ʾAṭraš rassemble ses cavaliers au nombre d'un millier environ; la bande arrive la matinée du 25 juillet aux sources d'ʿAyn, à huit kilomètres au sud du campement de nos soldats. les rebelles s'arrêtent un moment pour délibérer sur la conduite à tenir et, après quelques palabres, décident d'attaquer le bivouac français.
Le chef du village de Kafr est de nos amis; prévenu des intentions de Sulṭān, il en informe le capitaine Normand et l'engage à retourner à Soueida; l'officier répond qu'il a mission d'aller à Ṣalẖad et que coûte que coûte il s'y rendra.
Dans l'après-midi, les rebelles arrivent en vue du camp français et ouvrent le feu sur lui. Syriens et Tunisiens combattent avec vaillance; le capitaine Normand, ses officiers et ses gradés, chacun un fusil à la main ou actionnant une mitrailleuse, encouragent leurs hommes et luttent héroïquement. Mais, cent contre mille, la partie est trop inégale; écrasés sous le nombre, les nôtres succombent les uns après les autres et lorsqu'ils ne sont plus que quelqus-uns, les rebelles foncent sur eux, les massacrent sans pitié, et achèvent les blessés au sabre ou au poignard.
C'était le début d'une insurrection que nous mettrons plus d'un an à réduire.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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