La France jouissait, en Orient, d'un prestige moral datant des Croisades. De par les capitulations convenues entre le roi François premier et le sultan Suleiman, les chrétiens d'Orient, de tous rites, se trouvaient placés sous sa protection. Depuis cette époque, et pendant plusieurs siècles, nos missionnaires introduisirent notre langue au Levant, y créèrent des écoles, des orphelinats, des hôpitaux et s'employèrent à entretenir des relations d'amitié entre notre nation et la Porte.
En 1860, lors des massacres des Maronites du Liban par les Druzes, la France, en sa qualité de protectrice des chrétiens d'Orient, reçut mission des puissances européennes de rétablir l'ordre en Syrie, et d'exiger du sultan une administration plus équitable pour les chrétiens du pays. Un corps expéditionnaire français débarqua à Beyrouth, ramena la tranquillité, obtint de la Porte l'autonomie du Liban avec un gouverneur maronite à sa tête, et fit si bien que les Libanais vouèrent dès lors à la France une reconnaissance qui ne s'est jamais démentie.
A côté des établissements hospitaliers et écoliers fondés par nos religieux, des banques, des entreprises commerciales, des industries, des voies ferrées furent organisées, ou construite, par des sociétés françaises, de sorte qu'au début de la guerre 1914-1918, la France rayonnait sur les esprits syriens et palestiniens, et pouvait, en toute justice, revendiquer sa part d'influence politique sur les États du Levant.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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