Friday, June 30, 2023

Situation militaire au Jabal ad-Durūz

 


 Cinq cents soldats français sont enfermés dans la citadelle de Soueida; des avions les ravitaillent, chaque matin, en jetant sur la forteresse des sacs de viande et de denrées diverses. La garnison possède encore des approvisionnements pour plusieurs jours et ses animaux peuvent, en cas de nécessité, fournir un complément de nourriture. Les assiégés ont peu à craindre du feu de l'ennemi; les balles ne peuvent rien contre les murs de la citadelle, quant aux canons pris à la bataille de Mazraʿa, il faudrait que les rebelles sachent les utiliser; or, s'ils sont habiles tireurs au fusil, ils n'ont aucune aptitude comme artilleurs. On aperçoit bien, de temps à autre, des éclatements d'obus au-dessus des casernements, mais, après chaque tir, les avions envoyés en reconnaissance signalent que les dégâts sont insignifiants. D'autre part, les insurgés n'ont qu'un nombre limité d'obus, il leur est donc impossible de faire des brèches et de se lancer à l'assaut de la forteresse, dont ils sont d'ailleurs tenus éloignés par des mitrailleuses installées dans les tranchées creusées à l'extérieur. 


Donc, aucune possibilité pour les rebelles de réduire la garnison par les armes; mais si la situation se prolongeait et si les secours se faisaient trop attendre, le manque de vivres et surtout le manque d'eau pourraient amener une catastrophe. Heureusement, les citernes sont pleines et nous savons que l'eau est sagement rationnée, que le gaspillage en est interdit et que les distributions sont rigoureusement contrôlées. Il faut néanmoins faire diligence pour délivrer la garnison et libérer les assiégés, et nous-mêmes, de l'angoissante inquiétude qui étreint les esprits.       










Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937. 

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