Friday, July 21, 2023

Mesures de police dans la Ġūṭa (suite et fin)

 


 Les šarkas sont généralement conduits par le capitaine Collet, légendaire en Syrie pour son magnifique courage personnel, sa science du combat des bandes et sa connaissance approfondie de la langue du pays. Adoré de sa troupe, vivant comme elle et au milieu d'elle, se trouvant toujours là où il y a du danger, galvanisant ses hommes par son exemple, cet officier, à chacune des sorties de ses escadrons, inflige toujours aux rebelles des pertes cuisantes. Les šarkas, eux aussi, subissent parfois des coups durs, mais la renommée du chef et telle que les enrôlements comblent toujours les pertes éprouvées et les licenciements prononcés, car le capitaine renvoie impitoyablement tout homme qui se montre hésitant au combat. Troupe d'élite qu'il faut juger sur les résultats obtenus, sans chercher à analyser les moyens employés, lesquels ne sont d'ailleurs que la réplique de ceux en usage chez un adversaire brutal, cruel et sans pitié. 


Le système de postes fixes et les colonnes mobiles, les reliant les uns aux autres, fonctionne pendant tout l'hiver 1925-1926; les bandes sont traquées, dissociées et affaiblies, mais non entièrement détruites. toutefois, en avril 1926, à la veille de la reprise des des opérations actives au Jabal ad-Durūz, la situation dans la Ġūṭa est très améliorée, résultat non contestable de la campagne d'hiver. 

Une preuve.

Le haut commissaire, M. de Jouvenel, a pu venir de Beyrouth à Damas, en auto par la route, où la circulation était suspendue depuis trois mois à cause des bandes; il a visité la ville qu'il ne connaissait pas encore et parcouru des quartiers où, naguère, il aurait été imprudent de le conduire. Il a rejoint Beyrouth par le même chemin, sans qu'aucun incident ne se soit produit. 

Si donc, au printemps 1926, la région de Damas n'est pas complètement pacifiée, elle est du moins beaucoup plus calme qu'elle ne l'était à la fin de l'année précédente. Dans la cité, la vie est maintenant normale; dans la campagne, la tranquillité reste incertaine, surtout du fait des Druzes descendus de leur montagne et incorporés dans les bandes damascaines. Mais le retour du printemps est proche et avec lui la possibilité de reprendre les opérations militaires au Jabal. Nul doute que les Druzes de la Ġūṭa ne rejoignent leurs pays, quand ils verront nos colonnes s'y diriger et alors les jardins de Damas reviendront à plus de tranquillité.











Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937. 

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