Au moment où nous nous préparons à retourner au Jabal ad-Durūz, il est utile de passer en revue les événements survenus dans ce pays, depuis octobre 1925, époque à laquelle ont pris fin les opérations conduites par le général Gamelin.
Le Jabal est devenu le foyer le plus actif des menées insurrectionnelles; les féodaux, conseillés par les nationalistes de Damas et soutenus par les chefs étrangers du clan panarabe, entendent se libérer du mandat français dont le principe menace leurs privilèges. Animés d'un incommensurable orgueil, ils ont foi en la destinée du peuple druze et comptent, d'autre part, sur l'appui moral et matériel des peuples voisins et notamment sur le concours des Wahhābites, lequel, d'après eux, ne fait aucun doute; assurance nullement fondée d'ailleurs.
C'est de ʿAmmān , capitale de la Transjordanie, que partent les ordres directeurs du mouvement révolutionnaire: c'est de là que sont envoyés aux Druzes du Jabal, comme aussi aux rebelles de la Ġūṭa de Damas, les armes et les munitions qui leur sont nécessaires. C'est à la cour du roi ʿAbdallah qu'est forgée la propagande haineuse répandue en Syrie contre notre politique, notre administration et nos intentions et c'est l'entourage de ce prince qui nous représente comme les ennemis de l'Islam. Tous les moyens sont bons, à ces conspirateurs étrangers, pour nous déconsidérer aux yeux des populations, que la Société des Nations nous a chargés d'éduquer politiquement et administrativement. Ne disent-ils pas que les officiers français sont des assassins, que nos tirailleurs indigènes sont en révolte, que l'armée française du Levant est abandonnée par le gouvernement de Paris, qu'elle est démoralisée, que nous sommes partout battus, au Maroc comme en Syrie, et que la France n'est plus une grande nation.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
Photo: palais de Raghadan, Amman (Transjordanie).
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