Thursday, July 6, 2023

La fondation du Parti du Peuple

 

ʿAbd ar-Raḥmān aš-Šahbandar 

 Pendant que les troupes du général Gamelin répriment la révolte druze et délivrent la garnison française assiégée dans Soueida, les révolutionnaires damascains s'agitent intensément. Ils ne perdent pas une occasion de critiquer nos gestes et nos actes; lorsque la colonne française quitte la Jabal pour hiverner dans le Hauran, ils interprètent notre décision comme un aveu d'impuissance et leurs commentaires nous représentent comme vaincus et bientôt obligés d'évacuer la Syrie. 


Cette propagande tendancieuse impressionne fâcheusement les populations et facilite le recrutement de bandes d'émeutiers avec lesquelles les extrémistes espèrent soulever la ville et jeter le trouble dans le pays. Les agitateurs de Damas sollicitent le concours de Sulṭān al-ʾAṭraš et, depuis l'évacuation du Jabal par nos troupes, des contingents druzes descendent de leur montagne et vont renforcer les bandes rebelles de la Ġūṭa, alléchés qu'ils sont par la perspective de fructueux pillages. 

L'argent ne manque pas à l'insurrection; il vient par grosses sommes d'au-delà des frontières, avec les encouragements et les conseils de ceux qui espèrent toujours nous voir quitter la Syrie. 

Après la défaite des troupes arabes à la bataille de Maysalūn, en juillet 1920, et la fuite du roi Fayṣal, il s'est constitué à Damas un parti politique, dénommé "parti du peuple", qui, sous cette étiquette, rassemble les partisans du régime déchu et les nombreux mécontents, jaloux des autorités syriennes, ayant l'agrément de la puissance mandataire. Ce parti, très xénophobe, pousse le peuple contre tout ce qui est étranger et ne se gêne pas pour organiser l'insurréction presqu'au grand jour. 











Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937. 

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