Si le calme règne à l'intérieur de la ville, il n'en est pas de même à l'extérieur; dans leur rage impuissante contre les réseaux de fils de fer, les rebelles déclenchent sur nos postes des fusillades nocturnes, faisant plus de bruit que de mal, mais qui impressionnent tout de même la population. Les bandes recrutés, comme nous le savons, avec des individus qui n'ont rien à perdre: bas peuple sans travail, bédouins du désert, Druzes du Jabal, font le loi dans la Ġūṭa et sèment la terreur parmi les villageois.
Entretenues avec les subsides venant du dehors et par le produit des pillages, ces bandes ont vu leurs effectifs s'accroître depuis la suspension des opérations militaires au Jabal ad-Durūz; elles constituent aujourd'hui des éléments de troubles inquiétants qu'il importe de réduire à l'impuissance.
Les bombardements de l'aviation sur les localités occupées par les insurgés et sur les bandes elles-mêmes ne peuvent être efficaces dans cette Ġūṭa couverte de bois et de jardins. Les opérations de police, entreprises avant le renforcement de la garnison de Damas, n'ont pas été suivies de beaucoup d'effet, parce que constituées trop faiblement et ne pouvant, par cela même, étendre leur rayon d'action assez loin de la ville. Les bandes ne se laissaient pas accrocher, fuyaient devant nos soldats sur un terrain qui leur était familier et réussissaient à s'échapper après avoir infligé des pertes sensibles à nos détachements. Les insurgés, cachés dans les fourrés, si nombreux dans cette région, voyaient avancer nos tirailleurs sans être vus d'eux et, habiles tireurs, manquaient rarement leurs coups, tandis que nos soldats, n'apercevant rien, perdaient toute la supériorité de leurs armes automatiques sur le simple fusil de leurs adversaires.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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