Les renforts demandés à la Métropole arrivent à Beyrouth et débarquent un peu tous les jours. Le général Gamelin, venu récemment de France, est chargé, par le général commandant l'armée du Levant, d'organiser la colonne libératrice. Les unités: bataillons, batteries et escadrons sont acheminées par voie ferrée vers la station d'ʾIzreʿ إزرع, où se trouvent déjà celles de la colonne Michaud.
Sept mille hommes et trois mille animaux de trait et de bât sont bientôt rassemblés au bivouac, où des exercices journaliers donnent une cohésion de plus en plus solide entre les unités et les différentes armes.
Avant de se porter sur Soueida, la colonne se concentre préalablement au village de Musayfera المسيفرة, sous le commandement du colonel Andréa, commandant l'infanterie divisionnaire. A cet effet, un bataillon de Légion étrangère est envoyé en poste avancé, à ce village, pour couvrir le rassemblement. Dès leur arrivée, les légionnaires, avec leur grande habitude de la guerre coloniale, se fortifient autour des maisons, utilisent les murs existants, en construisent d'autres, creusent des tranchées et placent leurs mitrailleuses de façon à battre efficacement le terrain dans des directions dangereuses, celles par où les Druzes pourraient s'avancer.
Lancé ainsi à une quarantaine de kilomètres en avant du gros des troupes, le bataillon sait qu'il ne peut compter sur aucun appui immédiat en cas d'attaque; aussi prend-il toutes dispositions pour être en mesure de durer jusqu'à l'arrivée des secours.
De leur côté, les Druzes n'ignorent pas qu'une petite force française est à Musayfera; ils pensent qu'en l'attaquant tout de suite, avant qu'elle ne soit renforcée, ils pourraient peut-être obtenir un gros succès comme à Mazraʿa, et cela d'autant mieux que, mal renseignés, ils croient qu'ils auront devant eux de la Légion syrienne, moins solide au combat que la Légion d'Afrique.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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