Pendant que le groupement léger fait sa concentration à Buṣra, son chef cherche à tromper les rebelles sur la direction qu'il va suivre, et, pour cela, il fait répandre le bruit que sa troupe se dispose à marcher sur Ṣalẖad صلخد, capitale du Maqran المقرن sud; tactique destinée à amener les insurgés à diviser leurs forces et à diminuer leurs effectifs dans la région de Soueida, où la bataille doit s'engager.
Ce matin, 24 avril 1926, la colonne légère quitte Buṣra, très avant le lever du jour, afin que les observateurs druzes, qui l'attendent sur la route de Ṣalẖad, ne le voient prendre la direction de Soueida. C'est ce qui se produit en effet; elle arrive jusqu'aux abords d'ʿAra عرى sans autre incident que quelque coups de fusil tirés sur sa flanc-garde de droite, par les villageois de al-Mujaymer المجيمر, auxquels l'artillerie impose aussitôt silence.
Mais, à l'entrée du village d'ʿAra, l'avant-garde est accueillie par une fusillade partant des maisons et de la crête rocheuse située un peu au delà. Le chef de la colonne dispose alors sa troupe face au village, fait préparer l'assaut par l'artillerie et lance l'avant-garde sur la position, laquelle est brillamment enlevée. Les druzes refluent vers la montagne sans insister davantage.
En cette fin d'après-midi du 24 avril, les deux groupements ont donc atteint les emplacements prévus, d'où ils se porteront demain à l'attaque de Soueida. les instructions ci-après sont envoyés par le général au commandant de la colonne légère:
- Partir en formation de combat à 5h40 du matin, une heure plus tôt que la colonne principale, celle-ci ayant un peu moins de chemin à parcourir pour atteindre la capitale.
- Marcher sur Soueida en prenant pour objectif la citadelle (photo), écartée de la ville de quinze cents mètres à l'est.
- Se relier avec la colonne principale avant de donner l'assaut, et cela, lorsque les deux groupements seront à environ trois kilomètres de la ville.
La liaison établie et, au signal du commandant des troupes (fusées), les deux colonnes attaquent simultanément le plateau de Soueida: la colonne légère, en direction de la citadelle pour couper la retraite de ce côté aux défenseurs de la ville; la principale, par les escarpements ouest de la cité, qu'elle débordera au nord pour se rabattre ensuite vers la citadelle et donner la main au groupement léger; la manoeuvre générale tendant à l'encerclement des forces druzes.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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