Monday, July 3, 2023

Délivrance de la garnison de Soueida

 


 La colonne française reprend sa progression vers la capitale druze à l'aube du 24 septembre 1925. Les Druzes se retirent en vitesse vers l'est, dans la montagne, le général Gamelin, suivi de son état-major, entre à Soueida, où aucun habitant n'est resté.  


La garnison française est enfin délivrée; sa joie est immense, des larmes coulent sur bien des visages. 

La garnison est restée enfermée pendant soixante-trois jours exactement; elle a perdu une trentaine d'hommes, morts de maladie ou de blessures reçues dans les tranchées du pourtour de la citadelle. Les animaux encore vivants font piteuse mine, nourris qu'ils ont été pendant le siège avec seulement cinq cents grammes d'orge par jour et un peu de crin végétal retiré des fournitures de couchage.  

Deux Françaises, femmes d'officiers, ont subi avec vaillance cette longue captivité; leur dévouement est allé tout naturellement aux malades, qu'elles ont soignés comme seules les femmes savent le faire. Elles ont aussi jeté une note gaie dans cette enceinte assiégée car, même aux jours les plus sombres, on ne les a jamais vues ni inquiètes, ni démoralisées.

Sept mille hommes et trois mille animaux sont maintenant rassemblés autour de la capitale druze, vide de ses habitants; les rebelles, en se retirant, ont coupé la canalisation qui amène l'eau à Soueida et vidé les birkets de la ville, comme aussi les citernes de la citadelle.   

Avant de poursuivre les insurgés, il faut de toute nécessité ravitailler les troupes; or, il est impossible de laisser à Soueida même un bataillon, puisqu'il n'y a plus d'eau et il n'est pas davantage possible de pousser plus loin à l'intérieur du Jabal, puisque nous manquons de vivres.   

D'autre part, abandonner Soueida, même momentanément, pendant le temps d'aller au ravitaillement, est chose incontestablement préjudiciable à notre politique, car les rebelles ne vont pas manquer de chanter victoire lorsqu'ils nous verront partir. Cependant, nous n'avons pas le choix; ils nous faut des vivres et de l'eau et c'est bien à contre-cœur que le commandant de la colonne se résigne à quitter la ville qu'il vient de conquérir.











Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937. 

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