Il n'est pas facile à celui qui n'a point vu Damas de bien saisir ce qu'est cette ancienne capitale des ʾUmayyādes, vile sainte de l'Islam. La plus grande et la plus belle des cités de Syrie. C'est une agglomération de trois cent cinquante mille âmes, adossée aux pentes abruptes du Jabal Qāsiūn et étirée au sud, sur plus de dix kilomètres, entre des bois et des jardins touffus qui l'enserrent et la compriment.
Sa grande prospérité vient de sa situation aux portes mêmes du désert: ce qui en fait une sorte d'entrepôt pour les produits de la Perse et des Indes, un passage obligé pour les caravanes arrivant de Baghdad, et la place, incontestablement, au premier rang, parmi les villes commerçantes du Levant.
Elle est traversée en droite ligne de l'est à l'ouest par une rue qui, dit-on, avait dans l'antiquité trente mètres de largeur, et était ornée de deux rangées de colonnes corinthiennes formant trois longues avenues de plusieurs kilomètres. Aujourd'hui, il ne reste plus rien de ces splendeurs d'antan; toutefois, sur l'emplacement d'un ancien temple, les musulmans ont bâti la magnifique mosquée des ʾUmayyādes, dont l'un des minarets passe pour être le plus ancien du monde. Tout à côté de cette mosquée, un mausolée, orné de belles faïences, abrite le tombeau du sultan Saladin, conquérant de Jérusalem, vainqueur de Richard Cœur de Lion, et renommé pour sa bravoure, sa générosité et ses vertus chevaleresques.
Un autre édifice, le palais ʿAẓm, vieux de plusieurs siècles, avec ses chambres entièrement revêtues de bois peints et de marbres aux tons ravissants, donne une idée de la richesse des anciens intérieurs arabes.
Le centre de la ville est percé de rues larges et bien aérées; mais partout ailleurs, c'est un entassement de maisons disparates entre lesquelles serpentent des ruelles étroites et tortueuses dans lesquelles, du matin au soir, grouille une foule d'hommes et de femmes, de citadins et de campagnards qui, dans les sūqs et les boutiques, marchandent leurs menus achats pendant des heures durant. A la tombée de la nuit, sūqs et magasins ferment; la populace rentre chez elle, et les rues si animées, il n'y a qu'un moment, deviennent désertes au point que certaines d'entre elles semblent peu sûres aux passants qui s'attardent.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
Carte: Stefan Weber. Damascus: Ottoman Modernity and Urban Transformation 1808–1918, Proceedings of the Danish Institute of Damascus V 2009.
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