Monday, July 17, 2023

Une ceinture de fer autour de la ville: deuxième partie

  


 Le 11 décembre (1925), quinze cents terrassiers indigènes, rassemblés autour de la mairie, sont conduits sur les chantiers et le percement des boulevards commence sous la protection de deux bataillons de tirailleurs algériens, chargés d'éloigner les bandes au cas où celles-ci s'aviseraient de troubler les travaux. 

L'ingénieur de la municipalité, et les officiers qui les secondent, procèdent au piquetage des nouvelles avenues, par tronçons rectilignes, dont les extrémités s'appuient sur des maisons, dans lesquelles logeront les mitrailleurs chargés de la garde des fils de fer. les réseaux, mis au place sous la direction d'officiers idoines, interceptent les débouchés de la ville sur les jardins, à l'exception de quelques-uns, par lesquels passeront, obligatoirement, les indigènes sortant ou entrant dans la cité, et où un service de contrôle dépistera les porteurs d'armes.       

Travail considérable se traduisant par douze kilomètres de boulevards et douze kilomètres de réseaux de fils de fer à construire; chaque jour, de l'aube à la nuit, les terrassiers, se relayant par équipes, travaillent à plein sous la conduite d'officiers dévoués et énergiques. Au premier Janvier 1926, vingt jours seulement après le début des travaux, les secteurs nord de la ville sont terminés et aussitôt occupés par les unités de mitrailleurs; la fin du même mois voit l'achèvement des secteurs sud et, au commencement de février, une ceinture de fer entoure Damas. La population peut être rassurée, les massacres de chrétiens, que d'aucuns pouvaient craindre de la part des musulmans, fanatisés par des agitateurs sans scrupule, sont désormais impossibles. 

Les travaux ne se sont pas toujours exécutés dans le calme; les bandes ont souvent cherché à les troubler et les bataillons de protection ont dû livrer parfois de véritables combats pour les disperser, mais pas un seul jour le travail n'a été interrompu. 

Il faut rendre hommage ici à l'ingénieur directeur des travaux, aux officiers du génie, ses collaborateurs, aux officiers d'infanterie, chefs des chantiers, lesquels, par leur énergie tenace, ont réalisé en deux mois une œuvre qui aurait demandé plus d'un an, si elle avait été conduite mollement. C'est là un des nombreux exemples du parfait dévouement des Français servant outre-mer; si, aux colonies, on constate parfois des défaillances individuelles, l'œuvre d'ensemble n'en reste pas moins admirable, parce que le sentiment du devoir, de ceux qui en ont la charge, préside toujours à sa réalisation.










Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937. 

No comments:

Post a Comment