Saturday, July 15, 2023

Avant Écochard

 


 La tranquillité intérieure de Damas semble suffisamment assurée avec les précautions et les mesures énumérées plus haut. Mais la ville n'est pas à l'abris des entreprises des rebelles du dehors, lesquels, par les trois cents rues ou ruelles débouchant sur la Ġūṭa, peuvent pénétrer dans la cité et y semer la terreur. Il ne peut être question d'établir des barrages partout, comme cela a été fait en ville; nos effectifs en soldats n'y suffiraient pas et un éparpillement de nos forces engendrerait des points faibles qu'une saine prudence conseille d'éviter. 


Comment donc empêcher les bandes de pénétrer dans Damas? L'idée des réseaux de fils de fer barbelés, dont on a tant usé pendant la guerre, vient tout naturellement à l'esprit. Entourer la ville d'une barrière de fer, dont les abords seront battus par des mitrailleuses est la meilleure façon, la seule possible d'ailleurs, de mettre la population à l'abri des incursions des insurgés qui, actuellement, terrorisent les campagnes. Gros travail, évidemment, que celui de réaliser une telle ceinture autour d'une cité aussi étendue, mais possible cependant, surtout avec le concours de la ville en ce qui concerne le recrutement des ouvriers. 

Il y a trois ans, un plan d'extension et d'embellissement de Damas a été établi par un ingénieur français; le projet prévoyait notamment le percement de boulevards extérieurs et la création de quartiers nouveaux, pour décongestionner le centre de la ville très surpeuplé. En édifiant des maisons de rapport sur les nouvelles avenues, les propriétaires damascains auraient contribué à l'assainissement de la cité, tout en retirant des avantages appréciables. On n'est pas passé à l'exécution de ce plan parce que les caisses municipales se trouvaient vides. 

Mis au courant par l'ingénieur de cet ancien projet de la municipalité, le commandant de la région, nommé gouverneur militaire de la ville, voit, dans sa réalisation, un moyen d'enfermer Damas dans un réseau de fils de fer et de soustraire la ville au coups de force éventuels des bandes. Après examen de la situation et discussion du projet avec les techniciens, il décide d'entreprendre le travail. 








Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937. 

Carte: M. Écochard & G. Banshoya architectes. Plan directeur de Dama, rapport justificatif 1968. 

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