3 août 1926.
Une force de cinq bataillons, deux batteries, deux escadrons de spahis et un troisième de partisans, part de Soueida pour aller au Lajāt, région volcanique montagneuse et rocheuse, constituée par des laves solidifiées, boursouflées et caverneuses, avec des rares points d'eau et une seule piste accessible aux voitures: celle conduisant à Ahiré (Aâhiré *).
Pays de parcours extrêmement difficile, peuplé à l'ouest par des bédouins pillards vivant sous la tente, et partout ailleurs - en dehors des deux seuls villages dignes de ce nom: Najrān et Ahiré - par des Druzes misérables, vivant dans des grottes ou de pauvres masures. Région sauvage, propre aux embuscades, aux coups de main, et où les guerriers druzes se sont maintes fois retirés autrefois pour échapper aux forces envoyées contre eux par leurs anciens maîtres. Une bande y est actuellement signalée et comme les cheikhs ne répondent pas aux avis de soumission qui leur sont adressés, nous y allons manifester notre force et notre autorité.
Comme toujours, les partisans précèdent la colonne; ils ne trouvent rien d'anormal au point d'eau de Mazraʿa et pas davantage au village d'as-Sijn; l'avant-garde qui les suit pénètre dans le village et se dirige vers son emplacement de bivouac lorsque la fusillade éclate subitement en arrière; canons et mitrailleuses font rapidement face à l'attaque et refoulent au loin une cinquantaine de cavaliers, qui dès le matin, paraît-il, attendaient la colonne vers al-Majdal, pensant le voir arriver par la route de Šahba.
Le 4 août la colonne avance dans le Lajāt; la piste serpente entre les rochers, mais elle est relativement bonne; il en est tout autrement du terrain avoisinant sur lequel les flancs-gardes progressent: très mouvementé, avec des couloirs de lave à enjamber, des rochers à escalader, des ravins à franchir, sans jamais voir loin devant soi. La marche est lente et pénible sur un pareil sol, l'exploration difficile et les groupes de combat ne s'avancent qu'avec prudence pour éviter de tomber dans une embuscade.
* ‛Ahiré est un bourg important de l’intérieur du Ledja, excellent point d’eau sur la route, bien établie en blocs de lave, allant de Damas à Bostra, l’ancienne Aérita. Il n’est pas impossible que ce soit la xώμη‛ Aριάθας Tράχωνος de Georges de Chypre si l’on accepte la correction en ’Aϊράθας proposée par Noeldeke.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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