Sunday, September 24, 2023

Expédition en Wādi al-Liwāʾ I

 


24 Août 1926.


La colonne sort de Šahba par la porte nord de la vieille enceinte romaine. 

A gauche, l'ancien volcan Tell Šīḥān تلّ شيحان dresse majestueusement son cône, aux flancs tapissés de poussière de scories; les spahis grimpent à cheval presque jusqu'au sommet, d'où ils peuvent voir très loin dans le Wādi al-Liwāʾ. La colonne passe au petit village ʿĀmir d'as-Suwaymra السويمرة, dont le cheikh Ṭrād bey, vieillard à figure chafouine et agitateur connu, est resté sourd aux conseils de modération de son chef Ṭalāl Pāša. Il est cependant présent à notre arrivée, mais son fils s'est enfui dans le Lajāt il n'y a qu'un instant lorsqu'il a vu poindre nos partisans. 

Naturellement, Ṭrād bey assure qu'il se conduit en sujet fidèle à la France, mais lorsqu'on lui demande de remettre les fusils du village, il répond qu'il n'y a personne dans les maisons - ce qui est exact - mais il oublie de dire que les villageois sont presque tous enrôlés dans les bandes. 

Ṭrād bey, responsable de ce qui se passe dans son village, est gardé comme otage et la colonne poursuivant sa route arrivé à al-Mutūna المتونة, gîte d'étape de la journée. Ici les familles sont présentes et marquent leur soumission par la remise de nombreux fusils; cheikhs et notables protestent de leurs bons sentiments et assurent n'avoir jamais cessé de reconnaître l'autorité du chef des ʿĀmir, Ṭalāl Pāša, et de tenir compte de ses recommandations.       

Après une nuit tranquille, la colonne repart au matin du 25 août en direction du nord, toujours par le Wādi al-Liwāʾ; elle passe à Lāhiṯa لاهثة où habitent les frères d'ʿIzz ad-Dīn al-Ḥalabi, lesquels sont absents ainsi que tous les villageois, à l'exception de trois notables que nous emmenons comme otages. La situation est la même au village suivant: Ruḍaymat al-Liwāʾ رضيمة اللواء, tandis que plus loin, à aṣ-Ṣūra aṣ-Ṣaġīra الصورة الصغيرة, la population au complet fait acte de soumission et verse ses armes. Ennemie des Ḥalabis, elle ne permet pas que l'on vienne recruter des hommes dans le village pour les enrôler dans les bandes, mais elle demande protection contre ces dernières, qui se font de plus en plus menaçantes.











Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.

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