Rašīd Ṭalīʿ parcourt le Jabal et flétrit dans les villages la conduite des druzes du nord qui, selon lui, "n'ont encore rien fait pour la cause de la liberté et laissent massacrer leurs frères du sud par les soldats français" - palabres toujours accompagnés des clichés déjà connu: mauvais traitements infligés aux Druzes soumis, insurrection prochaine du Hauran, arrivée incéssante des bédouins d'Ibn Suʿūd, accourant d'Arabie au secours de leurs frères de Syrie, etc...
Pour décider les jeunes gens a s'enroler dans les bandes, Rašīd Ṭalīʿ fait ressortir que les terres du Jabal n'ayant pas été ensemencées, la misère frappera surtout ceux qui se seront soumis, car le gouvernement français assurera d'abord la nourriture de ses soldats avant de secourir les Druzes, tandis que les vrais patriotes trouveront toujours vivres et argent dans les comités de la révolution. Et de fait, à ce point de vue, des avis, dont ci-après un echantillon, sont affichés dans la villages:
"Ceux qui veulent s'engager pour défendre leur religion et leur patrie, se présenteront à al-Huwayya الهويّا ou à ʿUrmān عرمان pour toucher leur solde et recevoir la farine nécessaire à leur famille.
Signe: Rašīd Ṭalīʿ."
Ces agissements et cette propagande ne manquent pas de produire leur effet; les soumissions dans le nord sont pour ainsi dire arrêtées et les bandes se sont enflées au point qu'elles peuvent aligner un milier d'hommes; aussi les chefs de guerre envisagent-ils maintenant des opérations et des attaques, auxquelles ils ne pensaient plus depuis la chute de Ṣalḥad.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
No comments:
Post a Comment