Wādi al-Liwāʾ وادي اللواء est un vallon très encaissé qui descend de la haute montagne, contourne à l'est le plateau volcanique de Šahba et se continue vers le nord, pour aller mourir dans les basses plaines de Burāq براق. Ce ravin, très pierreux, a son flanc ouest constitué par les falaises à pic du Lajāt اللجاة, tandis que celui de l'est est au contraire ondulé, herbeux et riche en pâturages. Au fond du ravin un ruisseau, à sec en été, devient torrent et entraîne tout pendant la saison des pluies.
Population pauvre et fruste dans la région volcanique; anciens bandits qui, avant la construction de la voie ferrée, vivaient surtout de brigandages exercés aux dépens des caravanes; villageois plus évolués sur les hauts plateaux, habités surtout par les ʿĀmir, nos amis d'avant la révolution, désireux aujourd'hui de revenir à nous.
Le cheikh ʿIzz ad-Dīn al-Ḥalabi, grand propriétaire à Damas et ancien chef de la justice à Soueida, commande en maître la région sauvage et pauvre, voisine du Lajāt; le personnage appartient à cette catégorie d'intellectuels, n'appréciant du pouvoir que les profits et n'admettant d'autre autorité que la sienne. Par son instruction, ses manières, sa façon de vivre, il est Damascain; mais par sa famile, il reste Druze et féodal au plus haut degré. A son appel, les villageois ont quitté leurs foyers et trasporté famille et hardes dans le Lajāt; puis se sont enrôlés dans les bandes, reprenant leur ancien métier de brigands.
Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls de la région nord à avoir écouté les mauvais conseils d'ʿIzz ad-Dīn al-Ḥalabi; certains cheikhs ambitieux et cupides de la famille ʿĀmir ont pensé eux aussi avoir plus de profit à tenir la campagne avec Sulṭān qu'à rester tranquilles sous l'autotité, bien faible il est vrai, de leur chef Ṭalāl Pāša.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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