Thursday, September 21, 2023

Inauguration de la voie ferrée Soueida - H̱irbit Ġazāla



17 août 1926. 


Le général gouverneur laisse la colonne à Šahba et rentre à Soueida pour recevoir les autorités de Beyrouth et de Damas venant présider la cérémonie. Dès le matin, la ville prend un air de fête; les drapeaux tricolores flottent sur les maisons au milieu des guirlandes de verdure tressées par les femmes druzes; la gare est très gentiment décoré et bien avant l'arrivée du train officiel, la totalité de la population est déjà rassemblée aux abords. Quatre escadrons druzes, convoqués à Soueida pour la circonstance, forment un groupe imposant et pittoresque, avec les keffiehs dont sont coiffés les partisans. Notable de la capitale et une centaine de cheikhs accourus de l'intérieur constituent un autre groupe non moins pittoresque avec leurs turbans blancs ou noirs, suivant qu'ils sont ou non initiés dans la religion; placés en face des troupes, ils n'ont d'yeux que pour les auxiliaires de leur race au service des Français.                     

A neuf heure trente minutes, le train officiel fait son entrée en gare de Soueida; d'un joli wagon jaune descendent M. de Reffye, haut-commissaire par intérim - M. de Jouvenel se trouvant en France - le général Gamelin, commandant supérieur des troupes du Levant, et leur suite. Ces autorités passent devant le front des troupes et aussitôt après, le général Gamelin remet une première croix de guerre au colonel du génie qui a conçu, tracé et dirigé les travaux de la voie ferrée, et une seconde au fanion de deuxième escadron du partisans druzes, lequel s'est brillamment distingué le 9 août dernier au cours d'un combat contre une bande commandée par Sulṭān al-ʾAṭraš en personne.         

Après la defilé, le général gouverneur, dans une courte allocutions, exprime au représentant de la France l'émotion des gradés et soldats des troupes du Jabal devant ce chemin de fer - symbole de civilisation et de paix - réalisé par l'armée du Levant dans la montagne druze, si délaissée sous le régime ottoman.        

L'inauguration terminée, les automobiles emportent le monde officiel vers la citadelle, où les travaux de reconstruction sont presque achevés; là aussi le génie militaire s'est distingué; la garnison aura bientôt des casernes spacieuses et confortables, nouvelle preuve que l'action bienfaisante de la France se manifeste sous toutes ses formes dans ce pays ravagé par la révolution et la guerre.















Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.

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