9 Août 1926.
Le deuxième escadron de partisans est en reconnaissance dans la région bakka بكّا - ʾUmm ar-Rummān أمّ الرمّان; il marche depuis plusieurs heures sans rien relever d'anormal, lorsque le peloton d'avant-garde signale à deux kilomètres sur la droite des cavaliers se déplaçant parallèlement à l'escadron. Le capitaine français commandant l'unité pousse son peloton de tête jusqu'à une petite crête d'où l'observation est plus facile.
A leur arrivée en ce point, les partisans sont accueillis par le feu d'une mitrailleuse, fait surprenant chez les rebelles qui, s'ils ont encore des armes automatiques provenant de notre défaite de Mazraʿa, ne s'en servent généralement pas, parce qu'incapables de les actionner. Les partisans répondent au feu de l'adversaire, tandis que deux pelotons à cheval, se portent au galop sur le flanc ennemi.
La manœuvre réussit à merveille, les insurgés, au nombre d'environ quatre-vingts, attaqués de front de de flanc, remontent à cheval et se retirent à toute bride, laissant sur le terrain quatre morts, trois blessés, un fusil-mitrailleur, trois mille cartouches, sept chevaux tués dont celui de Sulṭān, sur lequel est trouvée une sacoche bourrée de documents bien intéressants:
Des lettres d'Amériques encourageant les Druzes à la résistance et annonçant des envois d'argent;
Une proclamation aux Syriens les invitant à lutter jusqu'à la mort;
Une lettre du chef de bande ʿIzz ad-Dīn al-Ḥalabi annonçant que le moral est très bas dans les populations du Maqran nord;
Une lettre envoyée de Lausanne (la Suisse) par l'émir Šakīb ʾArslān engageant Sulṭān à se méfier des promesses et des paroles du général gouverneur du Jabal, comme aussi de celles du haut commissaire: "De même que le nègre ne peut devenir blanc, y est-il dit, le Français ne peut abdiquer son orgueil";
Une lettre de Nasīb al-Bakri (photo), chef de band damascain, rappelant à Sulṭān qu'il s'est engagé par serment à chasser l'ennemi colonisateur;
Une lettre de Sulṭān à Rašīd Ṭalīʿ, ami et conseiller du roi de Transjordanie, réclamant de l'argent pour payer les bandes;
Etc., etc...
Tous documents confirmant une fois de plus les relations et tractations des chefs insurgés avec les étrangers ennemis du mandat français.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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