Monday, September 4, 2023

Réflexions

 


 Cette première tournée dans le Maqran sud nous fait prendre conscience de la puissance des ʾAṭraš; c'est dans cette région qu'ils ont leurs places forte; chaque village est commandé par un des leurs et rien ne se fait: réjouissances, révolte ou guerre, sans que tous les féodaux en aient connaissance et y prennent part. Cette partie du Jabal est considérée par eux comme leur chose et ils n'ont jamais admis d'autre direction que la leur. 


Mais leur prestige semble profondément atteint; ils ont dû s'enfuir de leurs villages, quitter leurs maisons ou leurs châteaux pour se réfugier de l'autre côté de la frontière. Leurs forteresses tombent successivement devant nos colonnes; Soueida, patrie de l'intrigant ʿAbdul-Ġaffār PāšaUmm ar-Rummān, fief du turbulent Sālim سالم bey; ʿAnz, résidence du timide Ḥusayn PāšaṢalẖad, où Nasīb bey a organisé l'insurrection; Malaḥ, de Ḥamad beyQayṣama قيصما, de Yusuf bey; Imtān امتان, du cheikh enfant ʿAli bey, cher à nos aviateurs; al-ʿĀnāt العانات, de l'irréductible Salāmi bey; al-Huwayya الهويّا, de Farḥān bey, dont la soumission est annoncée, et enfin ʿUrmān عرمان, où Najm bey et son frère viennent de faire amende honorable; toutes localités qui aujourd'hui sont soumises ou le seront bientôt.

L'immense orgueil des ʾAṭraš les empêche encore de s'entendre pour une soumission générale; mais ils clament toujours "qu'ils faut tenir bon, que le Hauran va se soulever et que les Français partiront"; mais leur étoile ne brille plus. Pour sauver la face, ils terrorisent leurs compatriotes suspects de pacifisme, ils incendient leurs maisons, pillent leurs biens, razzient leurs troupeaux, qu'ils font vendre ensuite sur les marchés d'un pays voisin. 

Tout cela n'est plus la "révolution pour l'honneur", ni la "guerre nationale", comme ils l'ont proclamé au début.

C'est du banditisme tout pur!












Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.

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