Tuesday, September 5, 2023

Le Maqran nord s'agite II

 


 La situation dans le Jabal nord n'est pas bonne; les bandes parcourent les campagnes, molestent les personnes, pillent les biens, razzient les troupeaux et il ne semble pas que les villageois soumis réagissent comme ils devraient le faire. Ils ont quitté les montagnes où ils s'étaient réfugiés au retour des troupes françaises au Jabal; mais, revenus dans leurs foyers, ils font montre devant les bandes d'une résignation qui cadre mal avec le caractère de ce peuple, si prompt autrefois à se dresser contre tout ce qui attentait à son indépendance et à sa liberté.       


Les cheikhs laissent les rebelles commettre leurs méfaits sans beaucoup protester et répondent, aux reproches qui leur sont adressés, que les populations demandent protection parce qu'elles ne peuvent rien elles-mêmes contre des bandes bien armées.    

Inertie et état d'esprit frisent la complicité, mais il faut reconnaître qu'il est difficile aux villageois ignorants de se dresser contre les deux puissants cheikhs qui, de tout temps, on conduit les destinées du Maqran nord: Faḍlallah Pāsa Hunaydi, d'al-Majdal المجدل, et ʿIzzad-Dīn al-Ḥalabi, de Wādi al-Liwāʾ وادي اللواء. Soutenus matériellement et moralement par les nationalistes damascains et les partisans de l'Empire arabe, imaginé par le colonel Lawrence, ces féodaux exercent leur propagande contre le mandat français avec une activité accrue et un farouche part pris; si bien que certains cheikhs de la famille ʿAmir, favorables à notre cause autrefois, le semblent moins aujourd'hui.      

D'autre part, Sulṭān trouve meilleur accueil dans cette région, depuis qu'il assure à chaque homme, enrôlé dans ces bandes, un salaire mensuel à peu près égal à celui de nos partisans.  

Propagande habile, derrière laquelle on retrouve le personnage dont il a été question dans un endroit précèdent: Rašīd Ṭalīʿ, ami et conseiller du roi de Transjordanie. Disposant de sommes considérables fournies par les comités islamiques du Caire, des Indes et d'Amérique - cinquante mille livres-or ont été distribuées au Jabal depuis que nous y sommes revenus - cet étranger a en main, aujourd'hui, les cheikhs druzes organisateurs de l'insurrection.











Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.


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