6 Février 1926.
Par un villain temps de pluie et de froid humide, M. de Jouvenel a reçu la colonie française. C'était le petit étalage de vanités ordinaire, mais cette fois, chacun savait qu'il ne recevrait pas de pierres dans son jardin; aussi la réception fut très cordiale, très différente; il est généralement aimé. Mais l'accueil des Damascains fut très froid quand, l'après-midi, il voulut se montrer par la ville. Le sūq al-Ḥamīdīya était rempli de policiers et de gardes syriennes. M. de Jouvenel descendit d'auto, au bout du boulevard de la Victoire, et défila accompagné des hauts fonctionnaires français, d'un amiral, de généraux et d'officiers. la foule rangée de chaque côté du cortège ne dit pas un mot, ne fit pas un geste. Beaucoup de magasins étaient fermés. Il entra avec un interprète chez plusieurs marchands chrétiens, chez l'inévitable ʾAṣfar, puis pour être politique, chez un musulman. Il se rendit ensuite à la Grande Mosquée. Mais, arrivé à la fin du sūq, près des portiques byzantins, il dut voir un groupe d'hommes en keffiyeh qui applaudissaient en frappant des mains d'étrange manière. Quelques boutiquiers souriaient ironiquement. Comprit-il à cet instant l'hostilité froide des Damascains? Il retourna et tout le monde le suivit. Il n'entra point à la Mosquée. Juste à ce moment, on entendit des coups de feu au Mīdān. On tirailla du reste toute la journée.
Alice Poulleau. À Damas sous les bombes. Journal d'une Française pendant la révolte syrienne 1924 - 1926 (p. 171 - 172). Ed. Bretteville Frères, (Paris 1926).
Photo Stironi
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