Le site de Maʿlūla éveille d'abord une idée de défense. Le village se dispose de telle sorte qu'une poignée de combattants suffit à repousser des bandes fortes de quelques centaines d'hommes. Les événements de 1925 l'ont encore prouvé.
Deux gorges profondes, seules voies d'accès vers les hautes terres, coupent en cet endroit la marche abrupte qui sépare le deuxième du troisième plateau. Partout la muraille calcaire dresse sa paroi verticale haute de 30 à 60 mètres au-dessus de pentes rapides où s'accumulent les éboulis. Face au deuxième plateau, vers le Sud-Est, Maʿlūla s'étage en amphithéâtre, mais amphithéâtre aux gradins étroits et haut chacun d'une maison.
Tel n'était pas le site primitif. À l'époque romaine, l'agresseur redouté venait des basses terres, aussi l'agglomération s'était établi à la crête même qui sépare les deux plateaux. La population disposait des sources dont les eaux s'échappent par les gorges. Le rocher se laissait travailler et des demeures se creusèrent dans la falaise. On en voit encore un grand nombre qui conservent pour la plupart des pièces rectangulaires, longues de 5 à 8 mètres, larges de 3 à 4. Le fond de la salle est d'ordinaire surélevé de la hauteur d'une marche par rapport à l'entrée. Des inscriptions grecques et un aigle impérial restent toujours visibles. Dans les angles, des niches, armoires ou étagères, se répètent avec régularité d'une grotte à l'autre. Vers l'extrémité méridionale de l'ancien village, la pente du terrain s'est prêtée à des installations plus importantes. Les cavernes artificielles s'y développèrent amplement et plusieurs communiquent entre elles: parfois elles se superposent les unes aux autres et réalisent de véritables demeures à étage.
Richard Thoumin. Géographie humaine de la Syrie Centrale. Tours, Arnault et Cie 1936
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