Il est difficile de se faire une idée de la tristesse qui se dégage de ces agglomérations. Les lignes sont à la fois rigides et monotones. Les surfaces présentent toutes la même nuance d'un gris noirâtre auquel on préférerait un noir franc. Le cadre n'est pas moins désolé. Dès que l'on a rentré les moissons, toute trace de vie végétale disparaît. On parcourt des dizaines de kilomètres sans apercevoir un arbre. Le sol s'étend, n'offrant à perte de vue que des pierres volcaniques. La verdure qui, dans la Syrie intérieure, avoisine les points d'eau, n'existe même pas dans le Ḥōrān: ces points d'eau ne sont que des citernes qu'alimentent les pluies d'hiver, on les taille dans la lave et la plupart des blocs et des dalles ainsi extraites se retrouvent aux murs et aux terrasses des maisons. En bordure de la plaine, si du haut de la bourgade de H̱abab خبب on fait un tour d'horizon, le regard embrasse un chaos de roches volcaniques, région déserte, sans relief accusé, mais où les cassures et les dépressions, sans jamais donner des différences de niveau supérieures à quelques dizaines de mètres, se coupent et s'enchevêtrent: paysage qui fait comprendre la forte expression du prophète quand il parle de l'abomination de la désolation".
Richard Lodoïs Thoumin. La maison syrienne dans la plaine hauranaise: le bassin du Baradā et sur les plateaux du Qalamūn. Paris, 1932. Librairie Ernest Leroux.
Richard Lodoïs Thoumin 1897-1972
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