Thursday, February 17, 2022

Tall

 


 Le site de Tall serait incommode si le village s'était établi hors de la zone cultivable. Sous prétexte de se rapprocher du ruisseau, on ne poussa pas la folie jusqu'à transformer en maisons, cours et rues, le fond de la vallée. Les paysans habitent la pente. Celle-ci varie d'un point à un autre et se prête plus ou moins bien à la culture. Ils s'établirent sur la partie la plus raide du versant. Pour la mettre en valeur agricole, il faudrait y multiplier les terrasses successives qui, elle-même, seraient étroites et compliqueraient l'exploitation. S'il faut aplanir une parcelle de terrain pour bâtir une maison, le travail supplémentaire ne sera pas considérable. Au reste, rien n'empêche que la courette soit en pente, et le sol même du rez-de-chaussée n'exige pas une parfaite horizontalité. Les ruelles auront une déclivité supérieure à 30%, mais qu'importe puisqu'il n'y circule pas de voitures.


Ainsi Tall s'étage sur le versant qui sépare la vallée du plateau. Il occupe les terres les plus difficiles à cultiver et prend soin de se ramasser sur lui-même pour tenir le moins de place possible. Les maisons se pressent les unes contre les autres. Les habitants mesurent avec parcimonie, avec regret, l'espace donné aux ruelles; ils réduisent les courettes à quelques mètres carrés. Souvent l'étage enjambe la rue et la couvre d'une voûte. On construit à Mnīn en largeur, à Tall en hauteur. 

À Tall, village relativement riche, le paysan ne se contente pas des pièces simples, il veut des salles spacieuses et fait construire un arc dans la maison pour soutenir les poutres de la terrasse. Il veut également circuler à l'abri du soleil et de la pluie pour aller d'une chambre à l'autre. Dans ce but, il fait déborder la terrasse sur la cour et la soutient par une suite d'arcades (à comparer avec les maisons libanaises).









Richard Thoumin. Géographie humaine de la Syrie Centrale. Tours, Arnault et Cie 1936

Richard Lodoïs Thoumin. La maison syrienne dans la plaine hauranaise: le bassin du Baradā et sur les plateaux du Qalamūn. Paris, 1932. Librairie Ernest Leroux.

Richard Lodoïs Thoumin 1897-1972

Maison en pierre calcaire

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