Sunday, February 13, 2022

Judayda et la vallée du Barada

 


 Tous les villages de la vallée doivent se protéger des crues, ils doivent également éviter d'empiéter sur les parcelles de terre cultivable. La crainte de l'inondation n'existe guère chez les habitants des vallées du Mnīn et du Ṣāḥib. Les hautes eaux n'y furent jamais capables de renverser une digue. C'est uniquement le respect de la terre fertile qui refoule les maisons sur les flancs de la vallée. Le Barada est au contraire sujet à des crues subites et violentes. Le torrent s'enfle de telle sorte que non seulement il entraîne tout ce qu'il rencontre dans la vallée, mais qu'il submerge parfois les bas quartiers de Damas, laissant les ruelles et les boutiques une épaisseur de 10 à 15 centimètres d'un limon brunâtre (ce fut le cas en avril 1929). Il n'est pas rare que ces crues subites, provoquées par des orages, s'accompagnent de véritables avalanches de cailloux qui descendent les vallées secondaires et renversent murs et maisons. Même aux hivers les moins pluvieux, le torrent inonde le fond de la vallée pendant des mois entiers (*). 


Tirer parti de la moindre terre irriguable oblige les villages de la vallée du Barada à présenter des caractères observés dans le Qalamūn. Tantôt les maisons se suivent en bordure de la dérivation supérieure, tantôt elles se groupent sur une hauteur qui domine les jardins; toujours les constructions s'élèvent en terrain stérile, mai aussi près que possible des champs cultivés. Kafar al-Zayt كفر الزيت et Judayda الجديدة, sur leurs éperons limités par deux bas-fonds irrigués, sont des répliques du site de ʿAyn al-Tīna عين التينة; on peut en dire autant d'al-Hāma الهامة bâti sur les pentes Nord de la cote qu'entourent de toutes parts des jardins irrigués. Au contraire, Dayr Muqarrin دير مقرّن et ʿAyn al-Fīja عين الفيجة sont des villages en rue, étirés à la limite supérieure de la zone irriguée. Si, dans cette dernière localité, un noyau d'habitations s'est formé près de la source au pied de la croupe que limitent deux ravins parallèles, la plupart des maisons s'alignent exactement en bordure de la dérivation la plus haute.













(*) On ne peut, au printemps, préciser l'origine du nahr Yazīd. Un large courant couvre le lit de la rivière, celui de la dérivation et l'angle de terre qui les sépare. Des digues conduisent aux ponts et les arches s'élèvent parfois jusqu'à plus de 5 mètres au-dessus des rives.




Richard Thoumin. Géographie humaine de la Syrie Centrale. Tours, Arnault et Cie 1936

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