Il se dégage de ces ruines une incontestable impression de grandeur. Nous sommes loin des grottes naturelles et plus ou moins agrandies par l'homme telles qu'en on rencontre à travers le Qalamūn. Ici, il y a un plan d'ensemble, et une réalisation grandiose et monumentale.
Que furent ces ruines?
Le site, les ruines et la tradition locale conduisent à considérer que Mār Taqla servit de forteresse à diverses époques.
Ce rocher, isolé à l'extremité d'un chaînon de l'antiliban, commande le seuil qui donne accès à la plaine de Ṣaydnāya. Il contrôle une voie de communication très fréquentée. Les souvenirs de l'époque romaine conservés dans le Qalamūn témoignent d'une population importante vivant dans cette région à l'époque impériale. La vallée du Mnīn était la seule route pour qui voulait se rendre de Damas à Ṣaydnāya et au-delà. Qu'un puissant ait trouvé avantageux de s'établir en un point ou il était facile de surveiller la contrée avoisinante, et, tour à tour, de protéger et de rançonner les marchands qui franchissaient le seuil de la plaine haute, n'est pas pour surprendre. Cette pensée tend à s'imposer si l'on se rappelle la demi-anarchie qui régna dans les provinces d'Asie au troizième siècle, et, plus tard, à maintes périodes de la domination abbaside et fatimite.
Le site, certains aspects d'architecture et la tradition locale donnent à penser qu'au moins à certaines périodes Mār Taqla eut un rôle de château-fort.
Mār Taqla fut autre chose qu'une fortresse. Il y a dans ces ruines un souci de belle ordonnance que devait d'ailleur réaliser avec succès ces numbreux et larges escaliers. L'ensemble se prête à un deploiement de pompe qui fait penser à un temple. L'absence complète d'inscription réduit à ne faire que des suppositions.
Le site était favorable à un culte sémitique. Un sommet rocheux d'où la vue s'étend jusqu'à la crête principale de l'Antiliban, à la masse neigeuse de l'Hermon, aux sommets volcaniques du Hauran, était bien fait pour devenir un "haut lieu". À son pied, le cirque verdoyant de Mnīn et la source donnant cette végétation au milieu de l'aridité environnante: voice une autre circonstance susceptible de donner au mysticisme le besoin de s'extérioriser par un culte.
En effet, la source de Mnīn fut jadis l'objet d'un culte. Les cérémonies célébrées en son honneur se sont perpétuées jusqu'au milieu du dix-neuvième siècle: on en garde aujourd'hui le souvenir vivace.
Alors même que ces rites sanglants avaient disparu, la souce de Mnīn ne cesse de se présenter à l'esprit des habitants avec tout un cortège de faits merveilleux.
Par la suite, le temple païen devint église chrétienne. On attribue cette transformation à Sainte Hélène. C'était l'époque ou le pouvoir impérial s'ingéniait à détruire le paganisme. Constantin donnait aux évêques de Palestine et de la Phénicie les ordres nécessaires pour que les mouments païens fussent remplacés par des églises. Les ruines de Mār Taqla ont probablement une histoire analogue.
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