Sous le portrait de Nasser, l'aparté des attachés militaires américains et turcs: au milieu de la foule des officiers arabes, ils étaient seuls, venus en civil.
Il n'existait à la connaissance de personne la moindre raison de tension entre la Turquie et la Syrie. Les deux pays ont une limite commune qui commence à Antioche - l'Antioche des croisés - et qui finit à l'Euphrate. Ils ont une contestation territoriale née en 1939 par la cession à la Turquie (par la France, alors puissance mandataire) du Sandjak d'Alexandrette. Ils ont toujours quelques incidents de frontières, nombreux surtout à l'époque des manœuvres d'automne, quand le bruit des canons à blanc porte sur les nerfs des gendarmes et des douaniers. Mais aucune de ces plaies n'était ouverte et ne suppurait. La Turquie, où règne une démocratie légèrement atténuée, préparait ses élections du 27 novembre et s'intéressait à la lutte ouverte entre le président sortant Adnan Menderès et l'ex-général sourd d'Ataturk, la souris Ismet Inonu qui repoussa sur la Sakkarya des Grecs qui n'étaient plus ceux d'Alexandre le Grand. L'automne était beau, les esprits étaient tranquilles, l'apaisement faisait plutôt des progrès dans la direction toujours dangereuse d'Israël. Aucune personne de bonne foi n'a encore compris pourquoi la situation est devenue brusquement dramatique au pied du Taurus.
Paris Match 446. Samedi 26 Octobre 1957
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