Dayr al-ʿAšāyer offre les constructions les plus rudimentaires. Ce village druze situé dans l'Anti-Liban méridional, à 1.300 mètres d'altitude, domine une cuvette dont un étang occupe le fond. La présence de cette eau au milieu d'une contrée aride et désolée retint sans doute l'attention des anciens: Ils y construisirent un temple. Les paysans d'aujourd'hui habitent, soit les fondations du sanctuaire, soit des maisons faites avec les pierres arrachées aux ruines.
Ces pierres, plus ou moins attaquées par l'érosion depuis les quelque deux milles ans qu'elles furent taillées, sont empilées les unes sur les autres. Les murs mesurent de soixante centimètres à un mètre d'épaisseur. Les blocs sont posés sans aucun mortier. L'indigène a copié ce que les restes du temple lui montraient. Les lits de pierres se succèdent les uns aux autres, les joints d'une assise évitant de coïncider avec ceux de la précédente. On ne prend guère qu'une précaution: avant de construire, on aplanit le sol sur lequel le mur prendra appui afin d'avoir des assises horizontales en dépit de la déclivité du terrain. L'insistance et le naïf orgueil que montre le montagnard en faisant remarquer ce détail donne une idée de l'art de bâtir en cette localité.
La couverture n'est pas moins primitive. Près de la source du village poussent quelques arbres, ils fournissent les rondins qui portent la terrasse. Il n'est pas question de débiter des planchettes pour en recouvrir les solives: les arbustes épineux des montagnes voisines y subviennent. Femmes et bourricots ramènent d'énormes fagots que l'on étale sur les rondins et que l'on charge d'une couche de terre plus ou moins damée et roulée.
Richard Lodoïs Thoumin. La maison syrienne dans la plaine hauranaise: le bassin du Baradā et sur les plateaux du Qalamūn. Paris, 1932. Librairie Ernest Leroux.
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