Maison en terre

 La maison en terre, dans le bassin du Barada et la région de Jayrūd, présente trois type principaux de construction: on monte les murs à l'aide de panneaux de béton, ou bien avec de larges briques, ou bien avec de petites briques remplissant les interstices d'une charpente. Dans tous les cas, des pièces de bois portent la terrasse. 

La construction en béton se caractérise par un assemblage de panneaux rectangulaires. Ils mesurent d'ordinaire 170 cm sur 85 cm. Leur épaisseur varie de 30 cm à 55 cm suivant la hauteur du mur à élever. 

Deux panneaux de bois servent de coffrage. Quatre perches er deux cordes les maintiennent en place. L'essentiel est d'obtenir une parfaite verticalité, mais le plus souvent, le campagnard travaille "à l'oeil". Les perches piquées en terre deux à deux à l'écartement voulu sont maintenues parallèles par des ligatures faites au-dessus et près du coffrage. Cette mise en place achevée, on prend de la terre, des cailloux, de l'eau et on en fait un mortier épais. Cette sorte de béton cru préparé, on le coule dans la forme de bois. Dès qu'il y a une épaisseur de dix à quinze centimètres, un homme entre dans le coffrage et tasse le mortier. On poursuit le remplissage de la forme ainsi que son damage jusqu'à ce que la masse coffrée ne fasse qu'un seul bloc. 

Dans la construction de la deuxième assise de panneaux, on a soin de ne jamais superposer les joints verticaux. 

On couvre de pierres ou de branchages la tranche supérieure des murs de clôture. On revêt les murs des maisons avec un placage de terre, d'eau et de paille hachée que l'on renouvelle habituellement tous les trois ans. Dans le même esprit de protection, on fait déborder les terrasses de 30 à 60 centimètres. 

Ce mode de construction ne se prête pas à de multiples combinaisons. Il permet de bâtir des maisons plus ou moins cubiques; on obtient une petite porte en faisant porter à faux un panneaux de la troisième rangée. 

Richard Lodoïs Thoumin. La maison syrienne dans la plaine hauranaise: le bassin du Baradā et sur les plateaux du Qalamūn. Paris, 1932. Librairie Ernest Leroux.