Maison en briques

 

 Les briques crues servant seules à la construction des murs se distinguent par leurs dimensions de celles qui remplissent les vides d'une charpente. Les premières mesurent habituellement 30 x 30 x 8 centimètres et 30 x 15 x 8 centimètres, les secondes n'ont que 18 x 9 x 6 centimètres, ces derniers chiffres ne sont d'ailleurs qu'approchés, la brique dont on se sert en ville étant faite sans grand soin.

La confection de la grande brique est un travail de femme. Si l'homme aide parfois à la préparation de la pâte, ce sont toujours les paysannes qui les moulent. On mélange l'argile avec de la paille hachée, de l'étoupe de chanvre ou du cailloutis. La préparation faite, on en met une motte sur un petit brancart et on l'apporte à la femme chargée de couler la brique. Elle dispose à cet effet d'une double forme en bois qui laisse un vide de 30 x 30 centimètres et un autre de 30 x 15 centimètres. La hauteur du cardre est de 8 centimètres. La travailleuse prend à pleines mains la pâte et en remplit un moule. Elle fait un tassement très régulier et veille particulièrement aux angles, puis elle égalise avec la paume ou le côté de la main. La pâte est suffisamment compacte pour que l'on puisse enlever de suite la forme et l'on confectionne les deux briques suivantes. 

La femme, en fin de travaille, a donc fait le même nombre de grandes et de demi-briques. En effet, le mur se construit d'ordinaire sur une épaisseur de une brique et demi (45 centimètres). Les joints des assises successives sont souvent décalées d'un décimètre environ les uns par rapport aux autres; toutefois, le peu de soin pris souvent dans la pose des briques ne permet pas de constater avec régularité ce décalage. Les murs de deux briques d'épaisseur sont beaucoup moins fréquents et ceux d'une brique ne sont guère employés que pour des cloisons intérieures. Pour lier l'ensemble on se sert d'un mortier de terre et d'eau. Mince dans les murs bien construits, la couche interstitielle atteint parfois jusqu'à 2 et 3 centimètres dans les trauvaux exécutés hâtivement et sans soin. 

Richard Lodoïs Thoumin. La maison syrienne dans la plaine hauranaise: le bassin du Baradā et sur les plateaux du Qalamūn. Paris, 1932. Librairie Ernest Leroux.