Tuesday, January 18, 2022

Trois types de construction en terre

 


 Tout le bassin du Barada, avec ses terrasses alluviales et ses cailloutis, permet la confection de béton à très bon compte. On prend la terre sur place et le transport des cailloux est souvent très court. Ce mode de travail est répandu dans la vallée, où parfois de petits moellons sont incorporés dans la pâte. À Damas même, l'emploi de ce béton est d'un usage courant dans les faubourgs. Quelquefois le rez-de-chaussée seul est fait de cette façon, tandis que l'étage tient avec un bâti de bois. 

Le Marj et la région de Jayrūd sont les pays où l'on utilise les larges briques d'argiles. Les arbres y sont rares: l'usage du bois se limite à la nécessité de soutenir la terrasse.

Les villages se dessinent tout en longueur, les cubes de terre se succédant les uns aux autres. Si dans la vallée du Barada, à Dummar et à Qudsayya la maison est assez plaisante grâce à ses fenêtres, elle donne à Qāsmīya ou à Hayjāna une pénible impression de tristesse: les ouvertures y sont réduites d'ordinaire au minimum. La maison de Damas avec bâti de bois (+ petites briques) se présente sous un aspect tout différent. Si dans la campagne le voyageur ressent l'impression d'une misère qui se replie sur elle-même et ne demande qu'à vivre cachée, à la ville, du haut d'une terrasse, il ne voit que délabrement et ruines imminentes. 

Toutes ses habitations rapidement construites prennent en moins de trois ans des signes de vétusté qui font croire à un effondrement prochain. Le revêtement de terre et de la paille hachée s'est-il effrité pendant l'été, ou bien les pluies d'hiver en ont-elles fait tomber de large plaques, de suite le mur se détériore: les panneaux de béton s'effritent près de joints, les briques se désagrègent et le mortier se change en poussière, les charpentes apparaissent et semblent de grands squelettes décharnés.






Richard Lodoïs Thoumin. La maison syrienne dans la plaine hauranaise: le bassin du Baradā et sur les plateaux du Qalamūn. Paris, 1932. Librairie Ernest Leroux. 

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