Cette plaine porte encore les traces d'une population qui fut relativement dense. Les documents écrits font défaut avant la domination séleucide, mais les tells nombreux qui parsèment le Ǧāb au Sud de la limite des marais obligent à voir dans cette région l'une des zones les plus riches de la Syrie intérieure: en parcourant les basses terres, on relève une vingtaine d'éminences artificielles encore parfaitement visibles. A partir du troisième siècle, les textes nous renseignent. Strabon compte Apamée au nombre des quatre grandes villes de la Séleucide; Ptolémée la présente comme la capitale de l'Apamène, province qui s'étend jusqu'à l'entrée de la Békaa البقاع. Polybe nous montre Antiochus le Grand faisant d'Apamée le centre du stationnement de son armée avant et après les campagnes qu'il entreprend contre les Lagides et contre ses hauts fonctionnaires révoltés. Ces indications invitent à admettre l'abondance des moissons et des pâturages aux environs immédiats de cette ville. Cette richesse agricole, nécessaire à la vie d'une cité dont les ruines s'étendent sur plus de trois kilomètres de longueur, ne l'était pas moins au ravitaillement des troupes de l'empire séleucide. Les grains ne pouvaient venir ni des monts ʾAnṣārīya الأنصاريّة, ni du jabal Zāwīya جبل الزاوية: c'était donc la partie du plateau proche du Ǧāb et le Ǧāb lui-même qui subvenaient à la nourriture de la ville et de l'armée. Tout conduit à admettre le développement d'une forte population rurale dans le Ǧāb méridional à cette époque.
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