Wednesday, April 27, 2022

Villages lacustres

 


 Les marais baignent la berge du village de Jammāsa جمّاسة; ils pénètrent de toutes parts un village comme Karīm الكريم, plaqué sur les alluvions proches de l'Oronte. L'eau s'insère entre les habitations et les étroits potagers. Les anses et les promontoires couverts de roseaux se multiplient. Des courtils, aux clôtures de joncs, se renflent en presqu'îles, tandis que les maisons auxquelles ils touchent barrent des isthmes de 15 mètres. Une barque conduit d'un groupe de maisons à un autre. La placette de la localité où les familles se réunissent le soir, où la reîta (sorte de flûte) invite les hommes et les femmes à danser la dabka الدبكة lors des épousailles, où abordent les invités du voisinage aux jours de deuil ou de fête n'a pas, l'été, plus de 30 mètres. L'hiver, l'eau la réduit à une langue de terre quand elle ne la submerge pas. Au Nord, les alluvions qui portent le village disparaissent sous une vaste nappe d'eau dont les courtes vagues clapotent et meurent sur les atterrissements noirâtres. Au Sud se développe une immense roselière: des chenaux s'enchevêtrent, contournent des îlots où l'on n'ose poser le pied, zigzaguent vers Tuwayna التوينة et vers H̱andaq الخندق, créent un labyrinthe de pistes plus difficiles à retrouver que les sentiers qui escaladent les roches des ʾAnṣārīya الأنصاريّة et du Zāwīya جبل الزاوية. Dès les premières pluies, le niveau des marais s'élève. Les eaux recouvrent les amas de limon aperçus en septembre, les roseaux ne laissent bientôt voir que leur extrême pointe, l'inondation gagne nombre de maisons qu'il faut évacuer. Femmes et enfants se réfugient à Šarīʿa الشريعة, tandis que les hommes demeurent à Karīm pour la pêche.




Richard Lodoïs Thoumin. Le Ghab. Revue de Géographie Alpine 1936 pp. 467- 538


Les villages des marais


Le nomade et le Ġāb


Villages des marais: les habitants


Villages de marais: habitations


Villages des marais: habitations d'été

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