Le départ des Byzantins semble marquer l'époque où le Ġāb perdit son caractère de voie de passage pour prendre celui de "limite". La querelle des images d'une part, et de l'autre les luttes intérieures qui marquèrent les règnes des derniers ʾUmayyādes et des premiers ʿAbbāsides avaient suspendu les guerres extérieures. Les razzias et les coups de main prirent pour théâtre la Cilicie et les vallées du Taurus. La lutte se ralluma quand des hommes nouveaux accédèrent au pouvoir et se posèrent en champions de la Croix et du Croissant: les empereurs macédoniens se heurtèrent aux émirs ḥamdānides. La victoire alors passe d'un camp à l'autre sans jamais se fixer ni chez le Grec, ni chez le Sarrasin, jusqu'à ce que Nicéphore Phocas se rende maître de la Syrie septentrionale. Pendant plus d'un siècle Antioche redevient ville impériale (969-1085). Les armées du basileus occupent Sayjar شيزر, pillent Ḥama, brûlent Homs et visitent le littoral. Léon Phocas étend un moment l'autoriťé de Byzance jusqu'à la limite du désert, jusqu'à Salamīya السلميّة; Jean Tzimiscès saccage Beyrouth et s'approche de Damas. Mais, à son tour, l'armée fatimite inflige un sérieux échec aux troupes byzantines à Jisr aš-Šuġūr جسر الشغور (994). Basile II accourt. Les Egyptiens retraitent vers le Sud. L'empereur s'avance jusqu'à Ḥimṣ. Cinq années plus tard, il entre dans Baʿalbak بعلبك (999). La période des grandes expéditions est alors close. Les querelles intestines absorbent les énergies des chefs, mais aux frontières les razzias et les coups de main ne cessent guère.
Jisr aš-Šuġūr et surtout Apamée et Sayjar matérialisent sur le terrain les enjeux de la lutte. Ces places sont les premières pièces à faire tomber pour mettre Antioche en échec. Sayjar commande le Ġāb méridional et le passage de l'Oronte. Apamée veille sur la plaine et sur le plateau, c'est la sentinelle avancée à l'extrême pointe du Jabal az-Zāwīya جبل الزاوية, zone montagneuse, difficile aux armées, couverture de l'ancienne capitale face au Sud-Est, face aux steppes. En raison de l'insécurité, les routes cessent d'être entretenues et les ouvrages d'intérêt général se dégradent; déjà les tremblements de terre avaient provoqué la décadence d'Apamée; Les bourgades de la plaine et du plateau tombent en ruines. Les marais et les inondations aident les défenseurs byzantins. Dès que le Ġāb est impraticable, le Sarrasin ne peut suivre la voie directe qui mène à Antioche.
Les noms des princes et des émirs changent aux siècles suivants, mais la situation demeure la même.
No comments:
Post a Comment