On pourrait définir ces villages par l'origine de leur population ou par les aspects essentiels de leur vie lacustre. Accompagner ces bédouins à travers les marais, suivre leur fuite devant l'inondation, assister à leurs cérémonies, épier avec eux le silure, se familiariser avec leurs occupations quotidiennes, leurs accidents, leurs joies, leurs maladies, invite à caractériser ces agglomérations sous un trait moral: la courageuse acceptation d'un complet dénuement. Ces anciens bédouins de Šarīʿa الشريعة et de Jammāsa جمّاسة ne vivent pas comme les mawāli بدو الموالي de Jalama الجلمة avec l'espoir de retourner au Ḥamād الحماد. Les laboureurs loués par les Ḥamaïotes ne font nul effort pour améliorer sur place leur situation; ils essayent seulement de reconstituer un troupeau pour repartir vers l'Est. ʿAdīyāt عديّات et Jammāsa n'entrevoient pas la possibilité d'une existence autre que celle qu'ils mènent dans les marais. Ils travaillent pour se créer un minimum de bien- être, ils luttent contre la nature pour obtenir l'indispensable à leur nourriture. Ils suppléent à leur ignorance technique par une ardeur souvent disproportionnée avec le résultat obtenu. Quand ils vinrent dans le Ġāb الغاب, ils ne connaissaient que la tente et les trous couverts d'herbes sèches que l'on creusait près de l'Euphrate. Les mawāli utilisèrent ces rudiments, mais les ʿAdīyāt ne pouvaient creuser dans les berges des marais.
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