Sunday, April 17, 2022

Sayjar et Qalʿat al-Muḍīq

 


  Une sorte de tristesse et de sévérité marque les villages musulmans de Sayjar (شيزر) سيجر  et de Qalʿat al-Muḍīq قلعة المضيق. Une seule porte donne accès à ces agglomérations entourées de hautes murailles. Une pente raide ou des lacets conduisent à l'unique entrée du Qalʿat al-Muḍīq; des rives de l'Oronte la rampe, portée sur des arches superposées, atteint la tour carrée gardienne de la voie qui pénètre dans Sayjar.


Sayjar s'allonge à la crête de l'éperon qui s'effile entre l'Oronte et la plaine; Qalʿat al-Muḍīq s'étale jusqu'à couronner exactement la croupe méridionale du jabal Zāwīya جبل الزاوية, croupe remaniée, isolée, retaillée par les occupants. Les constructions, à Sayjar, s'alignent le long d'une rue centrale; elles s'adossent aux courtines ou sе dressent sur les murs. Elles se disposent au Qalʿat al-Muḍīq en une agglomération rayonnant autour d'une placette centrale.

Les matériaux de remploi abondent. Les pauvres cultivateurs de Sayjar ont les pierres du château arabe qui, elles-mêmes, avaient déjà servi, sans doute, à la citadelle de Larissa. Au Qalʿat al-Muḍīq, ce ne sont que de belles pierres de taille — ou des fragments de pierres de taille — apportées d'Apamée. Les ruines jonchent le plateau qui s'étend vers l'Est. Les tremblements de terre ont dissocié et jeté bas les architraves, les colonnes et jusqu'aux murs. Les conquérants n'eurent qu'à transporter les pierres disjointes au nouveau site qu'ils choisissaient. La fortification arabe s'élève à une demi-lieue de la cité grecque. Les blocs antiques forment les soubassements des murs et nombreuses sont les demeures qui utilisent les voûtes des casemates et les étages des tours. A l'intérieur du village se pressent des maisons cubiques du type habituel: elles ont bel aspect, mais les intérieurs affirment une pauvreté et souvent une saleté navrantes. Locaux sans fenêtre chez les familles pauvres, silos alignés le long des retombées des voûtes, amas de galettes de fumier retenues par un fût de colonne, réserves de roseaux séchés dans un coin; contrairement à Sqaylbīya السقيلبيّة, il règne ici un désordre parfait et l'ignorance quasi complète de la propreté. De partout se dégage une impression de misère, d'abandon et de morne résignation. Sans doute la vie est aussi pénible à Sqaylbīya, mais il s'y joint une sorte de contentement, de plaisir à vivre, de joies simples que la population musulmane ne goûte pas.




Richard Lodoïs Thoumin. Le Ghab. Revue de Géographie Alpine 1936 pp. 467- 538


Villages de vieux sédentaires: contexte historique


Villages de vieux sédentaires: peuplement actuel


Mḥarda


Sqaylbīya


Sqaylbīya: la maison

No comments:

Post a Comment