Les procédés de pêche trahissent une crainte d'approcher les courants: de préférence, les indigènes visitent les abords des atterrissements boueux et les chenaux encombrés de roseaux. Deux hommes montent la barque longue de 3 à 5 mètres et qui souvent n'en mesure pas un de large. Ces frêles embarcations servent à se rendre d'un village à l'autre, à transporter les roseaux cueillis pour les nattes, à ramener les légumes récoltés sur une langue de limon, à conduire hors du Ġāb الغاب ou vers un îlot rocheux les corps des défunts pour leur donner la sépulture. Barques à fond plat, aux extrémités relevées et pointues, elles glissent sans crainte sur les étangs calmes, elles balancent dangereusement dès qu'elles coupent des courants ou si les occupants bougent dans l'embarcation. Il est impossible, dans ces conditions, de pêcher le silure السلّور dans les zones que traverse l'Oronte; pêcheur et batelier ne peuvent se livrer à leurs exercices que dans les eaux tranquilles.
A l'arrière, la gaffe à la main, l'un pousse la barque le long des roselières; l'autre, debout à la pointe avant, scrute l'eau. Dès qu'il aperçoit des silures, il fait signe à son compagnon qui arrête l'embarcation et la gaffe enfoncée dans la vase maintient l'équilibre à l'instant où le pêcheur harponne le poisson à l'aide d'une triple pointe de fer emmanchée sur un roseau long de plus de 2 mètres. La même pêche s'exerce plus simplement quand la roche se substitue à la vase à faible profondeur: l'homme descend dans l'eau jusqu'à mi-corps et transperce les silures surpris dans les roseaux. Dans tous les cas, on évite de pêcher près des berges où paissent les buffles: les allées et venues du troupeau font fuir le poisson.
Richard Lodoïs Thoumin. Le Ghab. Revue de Géographie Alpine 1936 pp. 467- 538
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