Cœlé Syrie
Ce long effondrement que les routes évitent depuis cinq cents ans joua jadis un rôle de premier plan dans la circulation générale de la contrée. Nous sommes habitués à considérer une Syrie maritime que jalonnent Alexandrette, Lattaquié, Tripoli, Beyrouth, Saïda, Haïfa, et une Syrie intérieure, tournée vers l'Est, vivant au contact des steppes désertiques et dont Alep, Hama, Homs et Damas constituent les centres commerciaux et politiques. Entre ces deux bandes se développe le ruban de la Cœlé Syrie, ou plutôt, pourrait-on dire, le ruban des Syries Creuses. Ces longues plaines affaissées entre des chaînes de montagnes parallèles se nomment, du Nord au Sud, l'ʿmeq العمق, le Ǧāb الغاب, la Biqāʿ البقاع, le Ḥūla الحولة. Ces régions intermédiaires n'appartiennent ni à la zone méditerranéenne, ni à la zone sub-désertique. Elles dessinent des " pays " parfaitement individualisés, dotés de caractères physiques particuliers en raison des hauts reliefs avoisinants et tapissés le plus souvent de sols fertiles. Il semble que la vie syrienne manifesta son maximum d'intensité dans ces terres basses avant le triomphe définitif des armes et des tendances arabes et musulmanes. Aussi longtemps qu'Antioche demeura la tête de l'Asie occidentale, les Syries Creuses connurent une prospérité qui ne déclina qu'avec la décadence de la cité fondée par Séleucus Nicator.
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