Ces forteresses commandent des passages obligés. Sayjar شيزر domine le pont de l'Oronte, le premier point où l'on puisse passer la rivière en aval de Ḥama. Qalʿat al-Muḍīq قلعة المضيق et Apamée contrôlaient la route qui menait d'Antioche à Larissa, à Epiphania, à Emèse. Toutes deux connurent une dernière période de célébrité à l'époque des croisades. Depuis, les courants de circulation se sont déplacés vers l'Est. Les musulmans ont conservé à Qalʿat al-Muḍīq et à Sayjar la silhouette hardie et puissante des châteaux sarrasins, ils y vivent repliés sur eux-mêmes, méfiants envers l'étranger, jaloux de l'indépendance qu'ils se flattent de conserver dans leur enceinte.
Cette population de vieux sédentaires s'est organisée en grosses agglomérations à la limite Sud-Est du Ġāb الغاب méridional. Elle se refuse à tout éparpillement et veille à la sécurité. Mais les fellahs, en se resserrant, se sont groupés entre chrétiens et entre musulmans. Sqaylbīya السقيلبيّة (près de 3.000 h.) et Mḥarda محردة (4.000 h.) sont grecs orthodoxes, avec, dans cette dernière bourgade, un noyau de protestants; Qalʿat al-Muḍīq (800 h.) et Sayjar (200 h.) sont sunnites, mêlés à quelques nuṣayri dans cette dernière localité. Ces paysans ont choisi les sites les plus favorables à la vie économique; ils possèdent des troupeaux et des champs; ils tirent bénéfice de leur travail. Par tradition et par profit, la terre les retient. Des traits opposés caractérisent les villages mawāli بدو الموالي de la région de Jalama الجلمة. Toutefois Sayjar, propriété d'une famille ḥamaïote عائلة حمويّة et dont les habitants cultivent pour les citadins des terres sises en aval des gorges de l'Oronte, fait pressentir quelques aspects des localités mawāli: la population s'y renouvelle partiellement au gré des propriétaires.
Richard Lodoïs Thoumin. Le Ghab. Revue de Géographie Alpine 1936 pp. 467- 538
Villages de vieux sédentaires: contexte historique
Villages de vieux sédentaires: peuplement actuel
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