Tuesday, April 12, 2022

Villages de vieux sédentaires: contexte historique

 


 Le Ġāb méridional offrait à l'homme une terre assez riche, un climat chaud, des inondations assurant la fertilité sans irrigation: il suffisait de semer pour récolter, et le labour n'était même pas nécessaire. Sous une forme réduite, on retrouvait les bénéfices de la vallée du Nil. La chasse et la pêche attiraient les sédentaires près des marais et des lacs: on y vient encore aujourd'hui de Ḥimṣ et de Ḥama pour chasser; quant aux paysans, ils s'embusquent toujours' pour abattre les sangliers descendus des ʾAnṣārīya جبال الأنصاريّة. Enfin, dès que les eaux baissaient et que l'étendue des étangs diminuait, les buffles et les chevaux avaient d'abondants pâturages. Les conditions économiques ont peu varié et les troupeaux continuent à donner aux villages des bas-fonds une part de leurs ressources.

Les buttes artificielles qui parsèment le Ġāb méridional témoignent de ce vieux peuplement, et quelques-uns de ces tells sont 'encore habités. Le plus important d'entre eux - œuvre de la nature et de l'homme - est celui de Sqaylbīya سقيلبيّة; d'autres ne sont plus occupés que sur l'une de leurs pentes; le plus souvent, les villages les ont délaissés pour s'installer à leur pied. Ces exemples illustrent avec force la valeur d'un fait social ancien dans la fixation des localités tant que les conditions physiques restent sensiblement les mêmes.

Peut-être les archéologues nous renseigneront-ils, un jour, sur les populations araméennes fixées dans le Ġāb méridional. La Genèse cite Ḥama, et lors des conquêtes de David, son roi fait grande figure au milieu des princes syriens. Or, dans un rayon de 50 kms autour de cette ville, la vallée de l'Oronte et plus spécialement le Ġāb méridional offraient des conditions d'existence nettement supérieures, dans la plupart des cas, à celles dont se contentaient les villes palestiniennes, du second millénaire. Enfin le nom d'Apamée s'impose à qui étudie le Ġāb. Quand les diadoques cessèrent de se combattre, les Séleucides donnèrent à la Syrie du Nord une merveilleuse prospérité. Apamée connut une activité que ne faisait pas prévoir son rôle au temps où elle s'appelait Pharnake ou Pella. Survint la décadence de l'œuvre grecque. Cavaliers arabes et byzantins, tour à tour, pillèrent le pays. On construisit le Qalʿat al-Muḍīq قلعة المضيق avec les pierres de la grande cité, tandis que le château de Sayjar شيزر se dressait aux gorges de l'Oronte, sur l'emplacement de Larissa.





Richard Lodoïs Thoumin. Le Ghab. Revue de Géographie Alpine 1936 pp. 467- 538

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