Tuesday, January 10, 2023

Saül surpris par David à Ziph: première partie

 


 D'après l'interprétation qui paraît la plus vraisemblable, cette frise du mur de l'est, voisine de la porte principale nord, serait l'illustration du chapitre XXVI de premier Livre de Samuel. L'incident représenté se place pendant la disgrâce de David que Saül cherchait à mettre à mort. 


D'après M. Kraeling, la scène de gauche représentait David et sa troupe: "David, qui se tenait dans le désert, s’aperçut que Saül le poursuivait jusqu’au désert. Il envoya des espions et fut certain de l’arrivée de Saül. David se mit en route et parvint à l’endroit où campait Saül. Il vit l’endroit où étaient couchés Saül et Abner, fils de Ner, le chef de son armée" (3-5). 

Telle serait la scène figurée. David en costume perse, costume spécialement royal à en juger par celui d'Assuérus et de Mardochée dans le tableau d'Esther, s'avancerais vers la droite monté sur un cheval blanc. Un carquois pend en arrière de la selle, sur le côté. Le harnachement et tout l'ensemble rappelle beaucoup la représentation de Mardochée. La principale différence est que le cheval de celui-ci est arrêté, tandis que celui du personnage identifié avec David est au pas. Ceci peut-être pour marquer que le futur roi se dirige vers le camp de Saül, que nous allons reconnaître en effet devant lui. Comme d'habitude à Doura, le cheval est traité d'une façon intéressante. 

Le peintre aurait représenté autour de David  "ses hommes", dont il est plusieurs fois question dans les péripéties de la fuite (I Samuel, XXIII, 5; XXV, 20; XXVII, 3, 8: XXX, I, et): "David partit de là et se sauva dans la grotte d’Adoullam. L’ayant appris, ses frères, avec toute la maison de son père, descendirent le rejoindre à cet endroit. Alors se rassemblèrent autour de lui tous les gens en détresse, tous les endettés et tous les mécontents, et il devint leur chef. Il y eut ainsi avec lui environ quatre cents hommes" (XXII, 1-2); plus tard ce nombre fut porté à six cents (XXVII 2; XXX, 9). Dans la peinture, les cavaliers qui entourent leur chef sont comme lui en costume perse, mais la différence dans le tissu et le galonnage marque le rang subalterne, déjà indiqué par la dimension réduite des figures. Dans l'état délabré de la peinture, il est difficile de dire si ces cavaliers sont sept ou plus nombreux. Dans la première alternative, le peintre aurait pu spécialement penser aux frères de David que nous allons retrouver dans le tableau de Samuel oignant David (numéro 30).

Cette explication peut être soutenue. Pour nous, la scène doit cependant s'interpréter autrement. Il faudrait y voir Saül et son armée, c'est-à-dire l'illustration des versets 2 et 3: "Saül se mit en route, il descendit vers le désert de Ziph avec trois mille hommes, l’élite d’Israël, pour y traquer David. Saül campa sur la colline de Hakila qui est en face de la steppe, au bord de la route. David, qui se tenait dans le désert, s’aperçut que Saül le poursuivait jusqu’au désert" (XXVI, 2-3). 

Le costume royal en effet convient beaucoup mieux à Saül qu'à David à ce moment de sa vie et les guerriers font penser plutôt à une troupe d'élite. Il est naturel aussi que Saül s'avance vers l'emplacement du camp qu'il va occuper dans la scène voisine et vers David représenté à droite. 

Notons en passant les deux chiens blancs du genre sloughi, qui semblent galoper au premier plan. Ils symbolisent peut-être la mauvaise garde du camp (Isaïe, LVI, 10). 

Le fond de cette partie du tableau est rouge.






Comte du Mesnil du Buisson. Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-246 après J.-C., Roma, Pontificio Istituto Biblico. Piazza della Pilotta, 35.  1939.

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