Le Sacrifice des Prêtres de Ba'al au Carmel

 

 Les tableaux 25 et 26 sont l'illustration du chapitre XVIII du premier Livre des Rois.

Élie s'étant présenté devant Achab lui fait rassembler au Carmel les quatre cent cinquante prophètes de Ba'al et les quatre cents prophètes d'Ashéra, avec tout le peuple d'Israël (10). Amenez-nous deux jeunes taureaux ; qu’ils en choisissent un, qu’ils le dépècent et le placent sur le bûcher, mais qu’ils n’y mettent pas le feu. Moi, je préparerai l’autre taureau, je le placerai sur le bûcher, mais je n’y mettrai pas le feu. Vous invoquerez le nom de votre dieu, et moi, j’invoquerai le nom du Seigneur: le dieu qui répondra par le feu, c’est lui qui est Dieu (23-24). Les prophètes de Ba'al choisirent les premiers un taureau, le préparèrent et invoquèrent le nom de Ba'al depuis le matin jusqu'à midi; ils dansaient autour de l'autel qu'ils avaient élevé et se faisaient des incisions, Élie les raillait (25-28). 

Outre ce texte le peintre a utilisé un midrash ou légende recueilli par Yalqout Siméoni (Prophètes, 214). Le voici: "L'autel (des prêtres de Ba'al) avait été élevé par Ḥîêl", sans doute le roi de Béthel qui rebâtit les murs de Jéricho en sacrifiant deux de ses fils (I Rois, XVI, 34). "Les prêtres de Ba'al le cachèrent à l'intérieur de cet autel, lui disant: Quand tu entendras les invocations à Ba'al, tu répandras les charbons enflammés préparés entre tes mains, afin d'embraser le dessus de l'autel. Aussitôt Yahvé fit venir un serpent qui le mordit et il mourut". L'auteur de cette légende a puisé le stratagème dans les appendices du livre de Daniel (XIV, 13). Les prêtres de Bêl, à Babylone, mis en demeure de prouver que leur dieu mangaient les aliments, "avaient fait sous la table une entrée secrète; ils pénétraient par celle-ci et dévoraient les offrandes". Quant au châtiment, il est inspiré par ces vers du Livre d'Amos (IX, 3): "s’ils se cachent au sommet du Carmel, là, je les chercherai et les prendrai ; s’ils se dérobent à mes yeux au fond de la mer, là, je commanderai au Serpent de les mordre". Ce n'est là qu'une approximation, car, d'après le contexte, c'est en réalité "au fond de la mer" que le serpent doit poursuivre le coupable. Quant à Ḥîêl, il a été choisi sans doute parce qu'il fut un constructeur et un païen, contemporain, en effet, d'Élie.

Comte du Mesnil du Buisson. Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-246 après J.-C., Roma, Pontificio Istituto Biblico. Piazza della Pilotta, 35.  1939.